tg STAN, rebelles du théâtre flamand depuis 25 ans

Paris – Ils sont libres, drles, irrvrencieux, et comme les trois mousquetaires, ils sont quatre: le collectif flamand tg STAN, qui bouscule le thtre europen depuis plus de 25 ans, est au Festival d’Automne avec une pice et une co-production hilarante.

Entre « Onomatopée« , patchwork de sketches, qui met en scène cinq garçons de café surréalistes (Théâtre de la Bastille jusqu’au 6 novembre), et « La Cerisaie » de Tchekhov en décembre au Théâtre de la Colline, c’est le grand écart.

Prolifique, le collectif fondé en 1989 a créé près d’une centaine de pièces, des très classiques Tchekhov et Molière aux performances inclassables à l’humour débridé.

Leur point commun’ Faire exploser la sacro-sainte hiérarchie du théâtre, avec un metteur en scène omnipotent. « Le fait que les comédiens ont le pouvoir, ça c’est politique! » s’exclame un des quatre co-fondateurs, Damiaan De Schrijver, un colosse à la barbe de capitaine Haddock, cigare au bec.

Déjà au conservatoire d’Anvers, les étudiants-comédiens rebelles s’étaient vu infliger une année supplémentaire par la directrice. A la sortie, ils forment tg STAN (« Stop Thinking About Names« ), un collectif basé sur l’absence totale de hiérarchie.

« On était des couples à l’époque, les couples n’ont pas survécu mais nous, on travaille toujours ensemble« , sourit Damiaan, membre de tg STAN avec Jolente De Keersmaeker, Sara de Roo et Frank Vercruyssen.

« Le secret de la longévité de la compagnie c’est que dés le début, on a eu le courage de ne pas rester ensemble tout le temps, d’avoir aussi des parcours individuels« , souligne-t-il. « Cela permet d’avoir assez d’oxygène« .

Le quatuor n’a joué ensemble que dans trois ou quatre productions, et participe à des projets à géométrie variable avec d’autres comédiens. « Onomatopée« , créé en flamand il y a dix ans et repris en français, est le bébé de quatre compagnies belges (tg STAN et de KOE) et néerlandaises (Dood Paard et Discordia).

– A table –

« Pour nous le grand exemple était Discordia, un collectif sans metteur en scène où les comédiens règlent tout. On gère les affaires, on fait la publicité, les affiches, les décors, on décharge même le camion« , dit-il.

La formule du collectif a fait des petits, comme en France Les Lucioles, les Chiens de Navarre, Les Possédés. Mais tg STAN reste un modèle, par son fonctionnement et son succès: le collectif emploie aujourd’hui onze personnes à temps plein et voyage dans toute l’Europe, voire au-delà: Rio, Tokyo et New York sont au programme.

« On doit réinventer chaque fois la démocratie autour de la table, on passe beaucoup de temps autour d’une table« , rigole Damiaan.

Un de leurs spectacles vedette, « My dinner with André« , joué par Damiaan et Peter Van den Eede de la compagnie de KOE se passe entièrement autour d’une table de restaurant, où le chef s’active en cuisine et les fumets titillent l’odorat.

« On l’a joué plus de 150 fois et je pense qu’on le jouera jusqu’à ce que j’explose! » s’exclame le comédien. « J’adore la nourriture, et la grande question c’était: quand est-ce qu’on mange, avant ou après le spectacle’ Avant, les restaurants n’étaient pas encore ouverts, et après, c’était trop tard. Alors on a décidé de manger pendant! »

La pièce, créée en néerlandais en 1998 a été traduite en 2005 en français. Les tg STAN sont aussi polyglottes. Leur « Cerisaie« , créée en néerlandais l’an dernier, est désormais jouée en anglais et en français (2 au 19 décembre au théâtre de La Colline).

La prochaine pièce réunira les quatre complices, promet-il. Seul le titre existe: « Quoi maintenant’« . Damiaan a sa petite idée, et « Frank veut des textes pour fulminer« . Du boulot autour de la table en perspective.