Inde: la banque centrale maintient son principal taux directeur

Bombay – La banque centrale indienne a maintenu jeudi inchangé son principal taux directeur, citant des pressions inflationnistes et le risque d’une mauvaise mousson.

Pour la troisième fois de l’exercice fiscal 2016/2017, la Reserve Bank of India a maintenu le taux auquel elle prête aux banques commerciales à 6,25%, un plus bas depuis novembre 2010.

La future entrée en application d’une TVA harmonisée (GST) dans tout le pays et une mousson possiblement faible cet été, qui ferait monter les prix des denrées alimentaires, sont autant de facteurs inflationnistes qui incitent les banquiers centraux à la prudence.

Dans un communiqué, le gouverneur Urjit Patel s’est inquiété « de l’incertitude entourant la mousson du sud-ouest (de l’Inde) au vu de la probabilité grandissante d’un phénomène El Niño » dans le Pacifique qui pourrait affaiblir les précipitations sur l’Asie du Sud.

Une mousson abondante est vitale pour l’économie indienne, pays encore très rural, et joue un rôle important dans la variation des prix.

En conséquence, la RBI escompte une inflation à 4,5% pour la première moitié de l’exercice 2017-2018 (clos fin mars) et 5% pour la seconde moitié. Son objectif est de contenir l’inflation autour de 4%.

Malgré des cahots, la croissance indienne reste l’une des plus rapides des grandes économies du globe.

Celle-ci a atteint 7% sur un an au troisième trimestre (octobre-décembre), en léger ralentissement par rapport aux estimations initiales du gouvernement pour l’exercice fiscal 2016-2017.

Mais ce chiffre a étonné de nombreux économistes, qui l’ont jugé bien optimiste. En effet, ce trimestre porte sur la période de la démonétisation, où 86% de l’argent liquide avait été brutalement invalidé ce qui avait engendré d’importantes perturbations monétaires.

Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi avait décrété début novembre que les billets de 500 et 1.000 roupies (6,5 et 13 euros), soit 24 milliards de coupures, n’avaient plus de valeur légale.

Cette mesure radicale était destinée à lutter contre l’évasion fiscale et à faire rentrer dans le secteur bancaire une partie de l’énorme secteur informel de l’économie indienne.

Mais elle a aussi eu pour effet à court terme de déclencher une ruée sur les banques, qui se sont trouvées à sec, et d’entraîner un ralentissement de la consommation dû à la pénurie d’argent liquide.

En raison de la démonétisation, le Fonds monétaire international a abaissé sa prévision de croissance pour l’Inde à 6,6%, soit une diminution d’un point.

Le PIB de l’Inde avait progressé de 7,6% sur 2015-2016.