Syrie: Erdogan « peiné » par les liens entre Moscou et les milices kurdes

Ankara – Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit « peiné » jeudi par les liens qu’entretiennent la Russie et les Etats-Unis avec les milices kurdes en Syrie, considérées par Ankara comme des groupes « terroristes ».

Si M. Erdogan critique régulièrement Washington pour son soutien à la principale milice kurde en Syrie, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), c’est la première fois qu’il exprime des griefs à l’égard de Moscou sur ce dossier.

« Nous sommes peinés par l’intérêt que montrent la Russie et les Etats-Unis à l’organisation terroriste YPG« , a déclaré jeudi soir M. Erdogan dans une interview télévisée.

Ces propos surviennent après deux incidents impliquant ces milices kurdes dans une zone de Syrie où se trouvent des militaires russes.

Selon Ankara, un soldat turc a été tué mercredi dans la région turque de Hatay par des tirs provenant d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, une zone contrôlée par les milices kurdes.

Après cet incident, Ankara a convoqué le chargé d’affaires russe pour lui faire part du « profond malaise » de la Turquie, a indiqué jeudi le porte-parole ministère turc des Affaires étrangères Hüseyin Müftüoglu. Selon l’accord de cessez-le-feu en Syrie parrainé en décembre par Ankara et Moscou, la Russie est chargée de surveiller le respect de la trêve dans cette zone, a-t-il affirmé.

Il a ajouté avoir demandé que tout soit fait pour éviter que de tels incidents se reproduisent, faute de quoi il y aurait « une réponse adéquate. »

Peu après ces déclarations, le ministère turc des Affaires étrangères a transmis un nouveau message au chargé d’affaires après la diffusion de photos affirmant montrer des militaires russes en Syrie avec des insignes kurdes, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anadolu.

Le ministre turc de la Défense Fikri Isik a également critiqué les photos en question.

« Ces images peinent la Turquie. Les YPG sont l’extension du PKK en Syrie. En tant que Turquie, nous n’acceptons pas que les Etats-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie coopèrent de quelque manière que ce soit avec les YPG« , a déclaré M. Isik, cité par Anadolu.

Ces réactions d’Ankara traduisent son inquiétude croissante face au rapprochement apparent de Moscou avec les YPG, alliées des Etats-Unis dans leur lutte contre le groupe Etat islamique.

Les YPG avaient affirmé lundi qu’elles allaient recevoir un entraînement militaire de la Russie, à Afrine, un des trois cantons kurdes en Syrie. La Russie ne l’a pas confirmé officiellement, mais a affirmé être présente dans cette zone.