EN IMAGES. À Mossoul, un palais de 2600 ans découvert sous des ruines de Daech

Après avoir libéré l’est de Mossoul de l’emprise de Daech, les forces irakiennes ont retrouvé, sous un sanctuaire détruits par les terroristes, un palais assyrien datant de -600 avant J.C.

Les bonnes nouvelles sont rares en Irak. Heureusement, il en existe quelques unes. Après avoir libéré Mossoul-est des terroristes de l’organisation État Islamique, les forces irakiennes ont eu une heureuse surprise.

Sous les ruines d’un sanctuaire détruit par les terroristes en 2014, ils ont trouvé un impressionnant dédale de tunnels, creusé par les djihadistes de Daech. Pliés en deux, avançant dans l’obscurité, les soldats irakiens sont tombés sur un palais assyriens vieux de 2600 ans, des poteries et des sculptures en marbre. Parmi elles, deux taureaux ailés, intacts, rapportent Science Alert et l’AFP.

Une découverte inespérée, alors que l’EI avait non seulement dynamité cette petite colline censée accueillir le tombeau du prophète Jonas (Nabi Younès), mais l’avait également percée comme un gruyère pour piller les objets antiques et les revendre au marché noir.

Les vestiges du règne du roi Assarhaddon

Une centaine de pièces de poterie auraient été abandonnées par Daech. Elles dateraient toutes de l’ère assyrienne, et plus précisément du VIIe siècle avant J.-C., et proviendraient du palais du roi Assarhaddon, dont l’existence dans ce secteur était déjà connue des autorités, explique Layla Salih, responsable des Antiquités dans la province de Ninive (nord).

Il y a d’abord deux sculptures murales en marbre blanc représentant des taureaux ailés dont seuls le flanc et les pattes sont visibles. Plus loin, ce sont des bas-reliefs avec des inscriptions en alphabet cunéiforme, ou encore deux sculptures murales représentant quatre femmes de face.

« Ces découvertes sont très importantes, elles nous en apprennent plus sur l’art assyrien: généralement les sculptures montrent toujours les personnes de profil, ici les femmes sont présentées de face », explique Layla Salih.

La colline sur le point de s’écrouler

Mais le temps est compté pour les sauver, prévient la responsable des Antiquités dans la province de Ninive. « On craint qu’elle ne s’écroule à tout moment et ensevelisse les précieux taureaux ailés, s’inquiète-t-elle. Tous les jours, dans les tunnels, il y a de nouveaux effondrements. ».

« Daech n’a pas pu voler ces antiquités: si les djihadistes les avaient toutes sorties, la colline se serait effondrée », assure-t-elle, tout en se montrant certaine que d’autres pièces, notamment des poteries, ont été volées. Dans une maison de l’est de Mossoul, les autorités ont d’ailleurs récemment retrouvé 107 poteries « en bon état » qui ont « de fortes chances » d’avoir été exhumées des tunnels de Nabi Younès.

Aujourd’hui, des études doivent encore être conduites pour permettre dans un premier temps de stabiliser les tunnels et éviter l’effondrement de toute la colline, explique encore l’archéologue. « Nous avons besoin d’expertise étrangère. Mais pour cela, il faut que la sécurité s’améliore ».

Les destructions massives des fanatiques

L’Assyrie, avec sa capitale Ninive, était un puissant empire du nord de la Mésopotamie. L’art assyrien est particulièrement célèbre pour ses bas-reliefs montrant notamment des scènes de guerre. Malheureusement, Daech a systématiquement détruit les antiquités et sites archéologiques des période assyrienne et grecque, considérées comme haram [illicite] voire démoniaques, parce que polythéistes, entre autres.

Les terroristes se sont fait une spécialité de filmer ces exactions dans des vidéos spectaculaires, comme à Nimrod, joyau de l’empire assyrien fondé au XIIIe siècle avant J.-C. et détruit au bulldozer, à la pioche et à l’explosif. Sur le sommet de la colline de Nabi Younès, le spectacle est aussi désolant: l’élégant tombeau n’est plus qu’une ruine avec ses piliers éventrés et tordus.

Pour la seule région de Mossoul, « au moins 66 sites archéologiques ont été détruits », affirmait fin février le vice-ministre irakien de la Culture, Qais Rasheed, lors d’une conférence organisée par l’Unesco à Paris.