Affaire Fillon: François Baroin, dernier recours de la droite?

Alors que les sarkozystes pressent François Fillon de « prendre ses responsabilités » et de choisir lui-même « un successeur », le maire de Troyes pourrait s’imposer comme solution de repli pour la droite, après l’abandon d’Alain Juppé.

Alain Juppé hors-jeu, qui pour offrir à la droite une sortie de crise honorable? Malgré la fin de non-recevoir opposée par le maire de Bordeaux ce lundi matin, les partisans d’un retrait de François Fillon ne désarment pas. « Nous lui (François Fillon) demandons de prendre ses responsabilités et de se choisir lui-même un successeur », auraient notamment convenu les soutiens de l’ancien président Nicolas Sarkozy dans ses bureaux de Miromesnil à Paris, ce lundi matin. Et parmi les possibles plans B qui continuent de circuler, le nom de François Baroin revient désormais avec insistance.

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Après avoir placé tous leurs espoirs dans le maire de Bordeaux, le profil du chiraquien Baroin est à la mode chez LR. Il était d’ailleurs présent place du Trocadéro dimanche , juste derrière François Fillon. Une présence d’autant plus remarquée que les autres poids lourds du parti brillaient par leur absence.

« Baroin a toutes les qualités requises »

Or, place du Trocadéro ce dimanche, François Fillon, par qui, in fine, passe la sortie de crise, a violemment attaqué sa famille politique. De quoi éliminer de facto les Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou Christian Estrosi, partisans d’une « sortie respectueuse » du candidat? « Laisserez-vous les intérêts de factions et de carrière et les arrière-pensées de tous ordres l’emporter sur la grandeur et la cohérence d’un projet adopté par plus de quatre millions d’électeurs? », avait insisté François Fillon, assurant que « les Français seraient submergés par une vague de dégoût » face aux manoeuvres politiciennes des derniers jours.

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« Il a toutes les qualités requises: il a été ultra-loyal, ce qui devrait faciliter le passage de témoin. Il est le seul possible prétendant à ne pas l’avoir trahi », insiste un élu LR du Nord. « Baroin est de la nouvelle génération et n’a pas participé à la primaire de la droite. Il est parfait pour contrer Macron et capter les électeurs qui ont soif de renouvellement. En plus c’est le président de l’association des maires de France: récolter les 500 parrainage ne pose aucun problème », abonde un parlementaire LR, qui vante la proximité programmatique entre François Fillon et le protégé de Nicolas Sarkozy.

« Il ne faut plus s’embarrasser d’un plan B »

Certains sont tellement dépités qu’ils émettent l’idée de lancer le plan B comme Baroin contre François Fillon au premier tour de la présidentielle. « J’appelle ma famille politique à désigner sans tarder un candidat qui représentera notre famille politique et nous aurons une primaire qui sera le premier tour de la présidentielle […] Je pense que François Baroin est cette personnalité […] Pour moi les vraies primaires, c’est le premier tour de la présidentielle, on en a eu par le passé, souvenez-vous, Balladur-Chirac », a expliqué sur FranceInfo Georges Fenech, l’un des premiers à avoir lâché le vainqueur de la primaire

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Contacté par L’Express, l’ancien magistrat se veut encore plus offensif: « Il ne faut pas s’embarrasser d’un plan B, François Fillon s’est renié. Qu’il soit là ou pas au premier tour, peu importe, c’est un preneur d’otage. » Et Georges Fenech n’est pas le seul élu LR à regarder du côté de François Baroin, faute d’Alain Juppé: « Beaucoup de parlementaires espèrent cette solution. Nicolas Sarkozy pourrait délier les langues en poussant dans cette direction », développe-t-il.

« Pourquoi prendre le n°2 du n°3 de la primaire? »

Reste que dans l’hypothèse – déjà périlleuse – où François Fillon renoncerait, le candidature de François Baroin devra franchir un obstacle de taille: l’opposition du camp d’Alain Juppé, avec qui l’ancien porte-parole du gouvernement n’a jamais caché son inimitié. « François Baroin explique que Juppé n’était pas légitime pour remplacer Fillon… Si le numéro 2 de la primaire ne l’est pas, pourquoi prendre le n°2 du numéro 3? », tacle un des soutiens du maire de Bordeaux, contacté par L’Express.

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Et Juppé, dans son plan anti Baroin, pourrait aussi compter sur les quinquas du parti, pas très chauds à l’idée de voir l’un des leurs prendre la première place. Bertrand, Wauquiez, Pecresse, Le Maire, « je ne suis pas sûr qu’ils souhaitent une candidature de Baroin, qui annihilerait à vie leur chances de devenir président de la République », note un fin connaisseur des arcanes LR.

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