La crise grecque, sept ans et ce n’est pas terminé

Athènes – La « crise grecque » est au centre lundi d’une énième réunion des grands argentiers de la zone euro à Bruxelles, qui depuis sept ans font en sorte de maintenir à flot avec le FMI le pays lourdement endetté, en échange de difficiles réformes.

Le problème actuel réside dans les divergences entre la zone euro et l’institution de Washington, qui conteste les prévisions jugées trop optimistes de la première sur l’économie grecque.

Rappel des principaux points de cette crise.

– L’éclosion –

Un an et demi après la crise des banques de 2008, le déficit public grec est révisé en forte hausse, à 15%, provoquant la dégradation de la note de la dette grecque et en avril 2010, le pays est privé de marchés et menacé de défaut de paiement. Le terme « Grexit » commence à circuler. Face au risque d’effondrement de la monnaie unique, le club des 19 se résout après des tergiversations à aider la Grèce, en acceptant la participation du Fonds monétaire international (FMI) au plan de sauvetage.

– La rigueur –

En mai 2010, la Grèce devient le premier pays de la zone euro à recevoir un prêt d’aide international, 110 milliards d’euros, au prix d’une austérité stricte. Athènes est du coup secouée par de violentes manifestations: trois personnes sont tuées le 5 mai 2010 dans un incendie provoqué par des cocktails Molotov.

– L’impasse –

En 2011, la situation économique du pays se détériore. La dette continue de gonfler et la récession s’installe: hausse du chômage, réduction du salaire minimum, rabotage des retraites, augmentation des taxes.

En 2012, la zone euro et le FMI accordent un deuxième prêt de 130 milliards d’euros, la dette des banques et des caisses d’assurances est restructurée en printemps : 107 milliards d’euros sur 206 sont effacés.

Les manifestations massives se poursuivent. Le pays est plongé dans la plus profonde dépression de son histoire contemporaine, plus d’un quart du PIB sera perdu en quatre ans.

– Contestation de la recette –

Après deux élections générales successives qui ne donnent de majorité à aucun parti, une coalition droite-socialiste se forme finalement en juin 2012. Face au rituel des va-et-vient des représentants des créanciers à Athènes réclamant plus d’austérité, prônée surtout par l’Allemagne, le gouvernement grec tente de résister sous la pression de la rue et des grèves successives. Poul Thomsen, le représentant alors du FMI en Grèce, avoue en 2012 « des erreurs » dans les deux plans de sauvetage pour la Grèce.

Un rapport du FMI en 2013 affirme que l’impact de l’austérité sur la hausse du chômage et la baisse de la consommation « a été sous-estimé« . Une restructuration de la dette publique est la solution suggérée désormais par le FMI, mais la zone euro ne veut pas en entendre parler, surtout l’Allemagne.

– Bras-de-fer et volte-face –

En avril 2014, la Grèce est en état de faire une brève sortie, plutôt réussie, sur les marchés.

Mais début 2015, l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras, président du parti de gauche radicale Syriza, élu sur un programme anti-austérité, engendre de nouveaux soubresauts. Les créanciers menacent de ne plus verser d’argent, le pays manque une échéance de paiement au FMI, fin juin. Malgré un référendum début juillet confirmant l’opposition des Grecs aux exigences des créanciers, Alexis Tsipras signe une semaine plus tard un troisième prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans. Le FMI est réticent à y participer. Athènes doit accepter de nouvelles coupes dans les dépenses publiques, des hausses des taxes, une réforme de la sécurité sociale.

– La querelle d’experts UE-FMI –

En mai 2016, « la première revue » du troisième prêt obtient le feu vert de Bruxelles sur fond de léger mieux de l’économie (+0,3% en 2016). Mais les négociations de la « deuxième revue » butent sur la querelle d’experts entre la zone euro et le FMI qui se concrétise: le FMI juge en janvier 2017 que la dette grecque est « intenable » et « explosive » sans des mesures d’allègement sur le long terme, auxquelles les Européens sont réticents, notamment en période électorale, et conteste que la Grèce puisse atteindre les prévisions budgétaires positives de la zone euro sans de nouvelles mesures. Athènes est prise en tenailles entre ses créanciers.