Entre 1963 et 1982, des milliers d’enfants réunionnais sous la tutelle de l’Etat ont été expédiés en métropole, sans leur accord ni celui de leurs proches. Ils obtiennent quelques compensations.
Dans les années 60, la France profonde souffrait d’exode rural, tandis que dans le lointain département de la Réunion, la misère se conjuguait à une démographie galopante. 2150 enfants sous la tutelle de l’Etat furent placés dans des foyers, familles d’accueil ou familles adoptives de métropole entre 1963 et 1982. La plupart du temps sans leur accord, ni celui de la famille qui leur restait.
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Lors d’un point d’étape de la commission d’experts chargée de faire la lumière sur la migration forcée de ceux qu’on appelle souvent « les Enfants de la Creuse », la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, ancienne députée de la Réunion, a décidé « de répondre positivement à quelques propositions. »
Un billet d’avion tous les trois ans
La ministre a annoncé la création d’une « bourse de mobilité », gérée par l’Union départementale des associations familiales (UDAF) de la Réunion. Elle doit financer l’achat de billets d’avion (jusqu’à 90% du billet) pour que ces « ex-enfants transplantés » puissent retourner sur leur lieu d’origine, que certains n’ont parfois jamais revu, « à raison d’une fois tous les trois ans », afin de « pouvoir interroger, se ressourcer, rencontrer leurs proches » et « reconstituer son histoire personnelle », a expliqué Ericka Bareigts. Ils bénéficieront également d’aides au financement de trois nuitées sur place (jusqu’à 95%).
Un soutien psychologique et un accompagnement dans leurs démarches juridiques leur seront également apportés, a ajouté la ministre, qui va signer une convention de partenariat avec l’Institut national d’aide aux victimes et de médiation (Inavem). Ces aides interviendront « dès le mois qui vient », a-t-elle précisé.
Un rapport définitif sur cette histoire dans un an
En février 2014, l’Assemblée nationale a reconnu la responsabilité morale de l’Etat dans le sort de ces enfants qui, déplacés tout jeunes, ont quelquefois perdu complètement le contact avec leurs familles.
La Commission d’information formée à cette occasion a pour mission d’identifier les personnes concernées et de faire « toute la lumière » sur leur histoire, avait déclaré George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer à l’époque. Elle doit rendre son rapport définitif au premier trimestre 2018.