HANDBALL. Le sélectionneur de l’équipe de France savoure son premier titre mondial en tant que coach principal des Experts. Après en avoir récolté dans la peau de joueurs puis entraîneur adjoint de Claude Onesta.
Il a explosé de joie comme s’il était joueur. Au coup de sifflet final, puis sur le podium des championnats du monde de handball,remportés dimanche par les Français contre la Norvège (33-26), Didier Dinart a retrouvé soudainement la fougue de ses 20 ans. Le co-sélectionneur (avec Guillaume Gille), qui menait cette équipe pour la première fois en tant que numéro 1 dans une compétition majeure, apprécie autant cette victoire que celles qu’il a accumulées comme handballeur. Pour lui, les émotions partagées avec son groupe et la reconnaissance de ses hommes, donnent à ce titre un goût unique.
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Comment recevez-vous cette médaille d’or?
Didier Dinart: Elle a vraiment une saveur particulière. Tout le monde pensait que ça allait être simple parce qu’on a su gagner des titres à l’extérieur. En organisant ce Mondial, il y avait un devoir de résultat, une obligation de gagner. On entendait que le résultat allait forcément être là à l’arrivée (dubitatif). Je ne sais pas… C’est vraiment un sentiment de devoir accompli parce que ce n’était pas gagné d’avance.
Que s’est-il passé pendant cette première mi-temps compliquée?
Ce scénario n’était pas prévu. Mais on savait très bien que si, niveau émotionnel, on se faisait emporter dans la rencontre, il fallait faire quelques changements. Ludovic Fabregas, dont la performance a été mitigée en première période a pu se ressaisir grâce au changement d’Adrien Dipanda en seconde. Il a surmonté ses émotions et pu faire une très grande rencontre.
N’avez-vous pas vécu cette rencontre comme un joueur plus que comme un entraîneur?
Moi j’ai vécu comme une injustice certaines décisions. En partageant le projet avec les joueurs et en vivant les matchs à 100%, je m’excite un peu trop peut-être. Mais je dois être fusionnel avec le groupe pour ressentir les choses. Je dis toujours: ‘On gagne comme un champion, on perd comme un champion et on fait la fête comme un champion.’ Donc je suis joueur, deux fois par an. Quand tu gagnes la demie et le titre. Ce sont des moments où il ne faut pas se mettre de barrières. Tu te sacrifies tout le temps. Si le jour où tu peux être heureux, tu es sérieux… Il faut être fusionnel avec son groupe. C’est là qu’il y a une complicité avec ses joueurs. J’ai connu ça quand j’étais en club, je veux le reproduire aujourd’hui.
A l’époque, vous déchiriez les chemises de Claude Onesta. Qui s’accroche à votre polo désormais?
Personne parce qu’ils ne sont pas assez costauds. Généralement, c’est Daniel Narcisse, mais il ne s’est pas laissé emporté.
Que représente ce titre pour le coach que vous êtes?
La récompense de trois années de travail, parce que même si j’avais l’étiquette de B (entraîneur adjoint), l’élaboration des séances et la préparation des matchs, c’est moi qui les faisaient. Donc être mis en lumière, c’est la concrétisation d’un travail de trois ans et demi.
Votre fierté n’est-elle pas d’avoir responsabilisé des jeunes?
Je n’aime pas le mot responsabilisation. Les jeunes entrent dans un projet cohérent avec une stratégie bien établie. On leur donne du temps de jeu pour qu’ils puissent s’exprimer avec la confiance de l’entraîneur. On ne pouvait pas espérer moins de chaque joueur. Il fallait mettre sa patte sur cette équipe.
Thierry Omeyer a dit qu’il n’avait pas encore réfléchi à la suite. Pensez-vous qu’il doive rester?
Thierry Omeyer a sa place en équipe de France dont il reste jusqu’à nouvel ordre le capitaine. S’il arrête, c’est un choix personnel. Mais l’équipe de France compte sur Thierry Omeyer. Ce n’est pas une préoccupation. Vincent Gérard (l’autre gardien des Bleus) a été dans la continuité de son quart de finale réussi à Lille et sa demi-finale grandement réussie. En finale, on ne pouvait pas espérer moins de Vincent Gérard.
Quels ont été les premiers mots de Claude Onesta?
Une autre question? (ferme)
Quelle est votre fierté aujourd’hui?
Je suis vraiment très heureux pour le groupe. Quand un joueur vient te féliciter, t’embrasse et tu sens que c’est sincère. C’est vraiment… ils me disent: ‘Didier, c’est bien comme tu nous as gérés.’ C’est vraiment une fusion coach-joueurs qui fait que cette équipe a un mental à toute épreuve sur toutes les compétitions. La meilleure reconnaissance que puisse avoir un entraîneur, c’est celle des joueurs. Combien d’entraîneur existent avec des joueurs qui font bonne figure devant eux et prennent des fléchettes dans le dos en permanence? J’espère ne pas en recevoir. Les mots qui m’ont touchés sont simples: ‘Merci Didier de la gestion que tu as eu avec nous.’ Pas besoin d’aller chercher des grandes phrases.
On vous a reproché d’être trop proche des joueurs?
Oui, je l’ai entendu.