François Fillon a remporté haut la main le premier tour de la primaire de la droite et du centre. l’heure est désormais à la confrontation des projets avec Alain Juppé. Ce dernier pourrait insister sur le caractère très conservateur de son rival sur les sujets de société.
Lorsque vous entendez parler de la victoire de Fillon le libéral, prenez garde à ne pas vous méprendre. Ce terme n’est valable que sur les considérations économiques. Lorsqu’il s’agit d’aborder les sujets de société, celui qui a humilié tous ses rivaux dimanche soir à la primaire de la droite et du centre se montre bien plus conservateur. Alain Juppé a même commencé sa campagne de différenciation dès dimanche soir en vantant la promesse de réformes « crédibles, équitables et modernes ».
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Car plusieurs fois au cours de cette campagne, François Fillon y est allé de sa petite phrase-choc, qui se remettent à tourner depuis sa large victoire. L’Express revient, en images, sur ses différentes déclarations.
Fillon et la colonisation
Le contexte
C’était lors de son discours à Sablé-sur-Sarthe, le 28 août dernier. François Fillon est chez lui, et choisit son fief pour y faire sa rentrée politique. Il démarre fort, attaque directement Nicolas Sarkozy sur ses mises en examen. « Qui imagine de Gaulle mis en examen? » Souvenez-vous.
Fillon ne s’est pas contenté de ces attaques ciblées. Sur le fond, il se positionne également, imprime sa marque. S’en prenant aux programmes scolaires, le candidat appelle à une « réécriture » des manuels d’Histoire, pour donner une image plus favorable de l’histoire du pays. Puis il lâche cette phrase: « Non, la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord ».
Fillon et l’islam
Le contexte
Nous sommes le 30 septembre. Presque un mois jour pour jour après sa rentrée politique, c’est dans les colonnes du Figaro que celui qui est encore mal embarqué dans les sondages fait de nouveau parler de lui. Sur la religion. Il ne tolère pas que l’on dise que la France puisse avoir un problème avec sa conception de la laïcité. Parce qu’il n’y aurait pas de problème de religion. Ou plutôt si, mais avec une seule, ciblée et pointée du doigt: l’islam. « Il n’y a pas de problème religieux en France. Il y a un problème lié à l’islam », déclare-t-il, appelant à « contraindre les musulmans à entrer dans un dialogue républicain pour que ce soit les religieux musulmans qui expliquent que ce n’est pas nécessaire de mettre la burqa ou le burkini sur la plage. »
Fillon et l’avortement
Le contexte
Le 22 juin 2016, lors d’un meeting dans les Yvelines, François Fillon y va de son mea culpa. « Dans mon livre, j’ai commis une écrire quand j’ai écrit que l’avortement était un droit fondamental. C’est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c’est que c’est un droit sur lequel personne ne reviendra. »
Puis il précise sa pensée. François Fillon, personnellement et « de par sa foi », dit ne pas pouvoir « approuver l’avortement ». Interrogé à ce sujet par Léa Salamé sur le plateau de L’Emission politique, le candidat à la primaire de la droite et du centre refusera de s’expliquer. « Ça me regarde, ce sont mes convictions personnelles. Je dis aussi que jamais personne et certainement pas moi ne reviendra sur l’avortement (…) Je n’ai pas à m’expliquer de mes convictions personnelles devant vous. »
Fillon et Poutine
Le contexte
Si Alain Juppé appelle à la prudence sur ce sujet, François Fillon a toujours plaidé pour un rapprochement avec la Russie, notamment pour la gestion des conflits au Moyen-Orient. Dans son ouvrage Faire (éditions Albin Michel), le candidat détaille sa pensée. « Imaginer que l’on puisse régler les problèmes du Moyen-Orient sans associer l’Iran ne peut que nous conduire à une impasse. Bachar el-Assad n’est pas l’avenir de la Syrie, mais il est illusoire de penser que la paix pourra être faite sans un dialogue avec lui. Le régime de Vladimir Poutine est évidemment moins démocratique que le nôtre, mais son influence diplomatique ne peut être écartée dès lors que nous ambitionnons sérieusement de travailler à la résolution des conflits qui secouent le monde contemporain et dont l’onde de choc nous frappe directement. »
Mais sa proximité avec le président russe ne s’arrête pas là. Plus loin, il écrit que la Russie l’a « toujours intéressé ». Il décrit Poutine comme « un grand homme », ajoute qu’il ne leur déplaisait pas de se voir. Pour lui, « l’avenir de l’Europe ne peut se dessiner sans la Russie, quels que soient ceux qui la gouvernent, quels que soient leurs qualités et leurs défauts. » Ce lundi, Le Point raconte comment, en dépit de certaines dissensions de fond, les deux hommes entretiennent d’excellentes relations. En août 2012, une semaine après le décès de sa mère, François Fillon est reçu au Kremlin, qui lui offre une bouteille de Mouton Rothschild. « Tu vois, François, c’est l’année de naissance de ta mère », lui a-t-il soufflé ce jour-là.