Le journaliste français arrêté vendredi par les autorités turques pendant un reportage à Gaziantep, près de la frontière syrienne, a été remis en liberté dimanche. Les policiers voulaient « obtenir les codes de mes téléphones pour récupérer les contacts », explique-t-il.
Olivier Bertrand, arrêté vendredi en Turquie, a été libéré dimanche et a été expulsé vers Paris. « Pendant trois jours, on ne m’a pas dit une seule fois les charges précises, pénales ou administratives, qui pouvaient peser contre moi », a expliqué le journaliste des Jours à Franceinfo.
« On m’a interrogé sur mes contacts, sur ce que je faisais en Turquie, sur les villes où je comptais aller, a-t-il ajouté. Pendant trois jours, je n’ai pas eu une seule fois un interprète. Jamais il n’a été possible d’appeler l’ambassade, ou de passer un coup de fil. »
Les policiers turcs avaient une obsession: « Obtenir les codes de mes téléphones pour récupérer les contacts. Si je refusais, mes téléphones allaient être saisis et je resterais en Turquie les mois nécessaires pour que l’enquête se déroule. »
En Turquie, « personne n’est à l’abri »
L’interpellation du journaliste français est survenue alors que les relations entre Ankara et Bruxelles se sont tendues ces dernières semaines, après l’arrestation de plusieurs journalistes et opposants politiques turcs. Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet, les autorités turques ont mené des purges qui ont frappé les médias et les journalistes turcs de plein fouet.
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« La Turquie est en train de plonger dans une vraie dictature », selon Olivier Bertrand. « Depuis le mois de juillet, en arrêtant des intellectuels, des journalistes réputés et des écrivains, on fait passer le message aux Turcs que personne n’est à l’abri. C’est ce que tente le pouvoir turc avec la presse étrangère, a indiqué le journaliste à Franceinfo. Les conditions de détention n’étaient pas évidentes psychologiquement, mais nettement moins périlleuses que celles que subissent des dizaines de milliers de Turcs aujourd’hui. »
« 2,8 millions de réfugiés syriens » en Turquie
Le journaliste français a indiqué que « les ambassades européennes se réunissent pour faire le point sur le sort des journalistes européens. Mais, la présence de 2,8 millions de réfugiés syriens terrorise une partie des gouvernements, avec la crainte de les voir arriver en Europe. »
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L’arrestation du journaliste avait été qualifiée dimanche d' »inadmissible » par le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, qui avait « exigé » sa remise en liberté. Elle avait aussi suscité une importante mobilisation des médias et des internautes en France au cours du week-end.