L’ancien ministre tient ce mardi soir un meeting à Strasbourg sur le thème de l’engagement. L’occasion pour lui de dévoiler les premiers contours de ce qui pourrait devenir plus tard un véritable programme présidentiel.
N’allez pas lui parler de programme. Emmanuel Macron n’en est pas là. L’ancien ministre de l’Economie ne veut pas faire comme tout le monde. Pendant que les candidats de la primaire à droite et au PS commencent à détailler leurs propositions, lui n’y trouve aucun intérêt. « Plus personne ne pense que l’on engage sa responsabilité sur quatre livres, 200 propositions, ou 1000 pages. Ca n’est pas vrai », lâche l’ancien ministre de l’Economie.
LIRE AUSSI >> Emmanuel Macron, chantre d’une laïcité inclusive et d’un libéralisme humain
Ce mardi à Strasbourg, Emmanuel Macron tiendra un meeting sur le thème de l’engagement. Que ce soit clair, il ne parlera pas de son engagement personnel sur le chemin de l’élection présidentielle. Il parlera d’un engagement plus global, celui du responsable politique, celui des partis, mais aussi celui de l’Etat face aux citoyens. Avec un premier éventail d’idées qui, à terme, pourraient bien servir de base à l’élaboration, cette fois, d’un véritable programme.
Macron favorable à la proportionnelle
Le fondateur du mouvement En Marche considère que les règles des élections posent problème. Il parle là principalement des élections législatives. « Il y a un déficit d’adhésion dans notre démocratie » relève Emmanuel Macron. « Il y a un doute dans la capacité de ce système à représenter la société, dans sa complexité, dans sa diversité ».
Sa solution? « Donner une orientation favorable à la proportionnelle, en soulignant tous les risques que cela comporte. » Par cette phrase, Emmanuel Macron fait directement référence à l’arrivée potentiellement massive d’élus FN à l’Assemblée. Mais pour lui, « on ne règle pas la difficulté démocratique que pose par exemple la présence du Front national en l’excluant. Au contraire on les renforce. »
Reste à savoir comment il mettrait en musique une telle réforme s’il devenait candidat. Il a exploré deux pistes ce mardi: une introduction partielle de la proportionnelle à l’Assemblée, ou un élargissement de celle en vigueur au Sénat.
La création d’une commission de citoyens
C’est la deuxième piste sans doute la plus concrète abordée à Strasbourg. Chaque année, le président de la République devrait rendre des comptes devant une commission de citoyens, possiblement appuyés par la Cour des comptes. L’ancien ministre envisage l’hypothèse d’un tirage au sort. Cela permettrait de remettre un peu « d’hygiène politique » dans le système. Pour créer un débat démocratique « qui aujourd’hui n’existe pas ».
Exemplarité des ministres
Comme pour certains fonctionnaires, Emmanuel Macron propose de contraindre chaque ministre à présenter leur casier judiciaire B2 avant leur prise de fonction. Il s’exprime encore en faveur de la mise en oeuvre d’un débat parlementaire précédant leur nomination, pour s’assurer de la capacité de chacun à assumer leurs fonctions
Miser sur la décentralisation
Emmanuel Macron va plaider mardi soir pour un « nouveau partage démocratique ». Comprendre: décharger l’Etat de certaines de ses fonctions. « Au fond, on attend tout de l’Etat. On pense que l’Etat peut tout faire ». Prenant Michel Rocard en exemple, Emmanuel propose ici de consacrer « un vrai principe d’autonomie et de déconcentration ». Mais aussi de décentralisation et de dévolution à l’égard de la société civile. Les acteurs parfois font mieux que l’Etat lui-même, se justifie Macron. Il prend ici notamment l’exemple de la sécurité civile et des 200 000 sapeurs-pompiers volontaires. « Sur des actions clés de notre société, il y a des choses que l’on peut faire, que l’on peut remettre au secteur privé et aux associations ».