Top 14: Machenaud, un cauchemar au milieu du rêve du Racing 92

Barcelone – Exclu dès 18 minutes de jeu vendredi, le demi de mêlée du Racing 92 Maxime Machenaud a vu sa finale de Top 14 virer soudainement au cauchemar, tout en galvanisant malgré lui ses partenaires, incités à une héroïque résistance jusqu’à la victoire.

Pendant plus de deux minutes, le temps pour l’arbitre Mathieu Raynal d’obtenir un retour vidéo sur les écrans géants du Camp Nou puis de mûrir sa décision, 99.000 spectateurs ont retenu leur souffle.

Quelques secondes plus tôt, sur une attaque de Toulon, Machenaud avait ceint les hanches de l’ouvreur Matt Giteau et l’avait retourné. L’Australien, en se cabrant, retombait sur la tête, nuque à angle droit.

« Ca va tellement vite, je n’ai pas senti que je le retournais, je pensais l’accompagner. Et malheureusement…« , a-t-il témoigné après le match.

Après quelques instants de flottement donc, Machenaud recevait un carton rouge et regagnait tête basse le banc du Racing. Sachant que son geste involontaire avait peut-être signé la fin des rêves de sacre des siens, contraints de soutenir un terrible bras de fer à 14 contre 15 durant plus d’une heure.

« Je pensais que ce serait mission impossible, très compliqué pour les 14 autres sur le terrain. Mais ce soir, ils ont trouvé des ressources exceptionnelles. Je les en remercie« , a-t-il souligné.

Cela ressemblait alors à un terrible crève-coeur pour Machenaud (27 ans, 23 sél), devenu depuis près de deux saisons un cadre de l’équipe francilienne, au prix d’une sérieuse remise en question à la suite d’un tournée ratée avec les Bleus en Australie en juin 2014.

– Un mental de champion –

Machenaud s’est ainsi imposé un régime draconien, perdant huit kilos pour gagner en mobilité sans rien abandonner en puissance grâce à son gabarit compact (1,74 m, 81 kg). Surtout, le demi de mêlée s’est forgé un mental d’acier.

Combien de fois le N.9, qui avait déjà dû quitter prématurément sur KO ses partenaires lors de la défaite en finale de Coupe d’Europe face aux Sarencens mi-mai (21-9), a-t-il ainsi sonné la révolte au coeur d’un match terne ‘

Critiqué justement pour son manque de leadership, l’ancien Agenais s’est révélé dans l’orchestration à poigne du jeu Ciel et Blanc, n’hésitant pas à prendre des initiatives au ras des rucks, haranguant inlassablement ses avants et prenant même la responsabilité du tir au but sur plusieurs matches.

Quitte à se montrer virulent, emporté par son tempérament de compétiteur, comme lorsqu’il avait épinglé publiquement le deuxième ligne Fabrice Metz pour une faute fatale lors d’un quart de Coupe d’Europe perdu face aux Saracens en mai 2015 (12-11).

Mais cela soulignait surtout la nouvelle dimension prise par Machenaud, qui a logiquement été récompensé d’un rappel en équipe de France pour le dernier Tournoi des six nations, après avoir été écarté de la Coupe du monde.

Ses efforts semblaient devoir porter leurs fruits en lui offrant un titre au moins cette saison.

Et à sa façon, il y a grandement participé. Puisque si ses coéquipiers ont encaissé un essai juste après sa sortie, ils ont aussi obéi à l’injonction de l’entraîneur Laurent Travers de ne « pas baisser les bras« .

Et ont réagi en champions au pied de la montagne.