Montréal – A travers des textes bruts sur des sonorités rock, le compositeur et interprète Philippe Brach, écorché vif de la chanson québécoise, dégage une grande sensibilité et un regard aiguisé sur la société qui l’entoure.
« J’ai un certain mal à l’intérieur de moi, comme tout le monde, je pense qu’on a tous un démon« , confie l’artiste dans un entretien à l’AFP.
Son deuxième album, sorti à l’automne, égrène des thèmes comme l’avortement ou le cancer. Une création que Philippe Brach voit comme « un exercice de compréhension » pour « se mettre à la place des autres, avoir un peu d’empathie« .
Après le succès de son premier album il y a deux ans, le jeune québécois a enchaîné les concerts et il va bientôt atteindre la barre des 200 représentations depuis ses débuts en 2014.
Vendredi, avec une énergie rare et communicative, Philippe Brach a attiré les foules sur la place des Festivals à l’occasion des FrancoFolies de Montréal.
« La scène, c’est ma zone de confort« , assure-t-il. Et ses « 14 ans d’improvisation théâtrale » lui ont donné une belle assurance.
Le chanteur multiplie les facéties, se déguise volontiers et joue avec le public, s’exprime beaucoup en joual (patois québécois) mais sait, en Europe, adapter ses textes pour une meilleure compréhension.
Philippe Brach est déjà tourné vers son prochain album. « J’essaie de prévoir à l’avance, ça active le moteur créatif« , explique celui qui travaille avec différentes personnes, tant à la réalisation qu’avec les musiciens de studio. Une façon, affirme-t-il, d’être « plus efficace« .
– ‘Folk, country, rock’ –
Son style musical est « un peu disparate« , avoue-t-il. « Il n’y a aucune ligne directrice (…), il n’y a pas de frontières » et Philippe Brach explore la musique, voyage beaucoup. Mais son style garde une base « de folk, de country, de rock« , poursuit le chanteur originaire du Saguenay, à un peu plus de 200 km au nord de Québec.
Pour écrire, Philippe Brach avoue avoir une façon de travailler « très chaotique, parfois c’est la musique qui arrive en premier et le texte qui se rajoute, parfois c’est le texte qui arrive en premier, des fois ce sont les deux en même temps« .
L’interprète aime se produire sur les scènes européennes où le public a « encore la fibre de la découverte« .
Sans connaître le nom de Philippe Brach, des salles de 300 places pouvaient être pleines même quand le Québécois « était le seul spectacle de la soirée« .
« Des salles complètes de gens qui ne te connaissent pas, qui se déplacent et qui après quatre chansons se lèvent et foutent le camp, c’est beau et je trouve ça parfait« , dit-il très sérieusement.
Cette démarche relève d’un saut « dans l’inconnu, c’est incroyable et j’ai l’impression que l’on a perdu » cette spontanéité au Québec, estime Philippe Brach.