Pour que l’Education nationale et publique retrouve de l’efficacit, elle doit tre moins publique et moins nationale. L’Etat ne doit plus tre le DRH impuissant des enseignants et le surveillant dbord des enfants.
Voici, authentique et sans modification de contenu ni de forme, un extrait d’une copie de bac blanc, rédigée au printemps dernier par un élève lambda d’un lycée de bonne tenue, dans le sud de la France: « Mais à cause des sous-marins américains coulés par les troupes allemandes et de l’attaque du Mexique par le Japon soutenue par les Allemands; les Etats-Unis décident de se mettre en guerre pour leur propre sécurité. S’en suit la défaite de l’Allemagne. 1918, la seconde guerre mondiale finit enfin. Dû au fait que l’URSS est violé le traité de Yalta (1914), l’Etats-Unis décident de se mettre en guerre contre cet Etat. La suppression du communisme se fera par le Japon: bombardements Hiroshima et Nagasaki. »
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Au-delà de son aspect hilarant, et d’un degré d’absurde qui le rapproche des plus belles audaces surréalistes, ce texte illustre une certaine errance des élèves et une erreur certaine de l’Education nationale, la première étant la conséquence de la seconde. Les programmes thématiques et non chronologiques pratiqués au collège et au lycée provoquent une confusion extrême dans les jeunes esprits: ils savent beaucoup de choses, mais ils mélangent tout. Seuls ceux qui ont acquis en famille les bases culturelles, notamment la connaissance linéaire de l’Histoire, peuvent tirer profit d’un enseignement fondé sur des problématiques et non des faits, des concepts et non des dates. Les autres matières souffrent de travers comparables.
La puissance didactique du numérique
Si le pédagogisme mérite philippiques et châtiments, il est illusoire de prôner comme remède le simple retour aux cours magistraux d’antan. Réparer les dégâts de 1968 ne doit pas ramener l’école à 1967. Respect des maîtres, maintien de la discipline, culte de l’excellence ou pratique du par coeur sont des vertus auxquelles il faut joindre la puissance didactique du numérique, la finesse des méthodes ad hoc pour enfants à la peine, ainsi que la richesse des pratiques interactives. Le moderne n’est pas l’ennemi du savoir, il est son traducteur à l’usage des jeunes générations.
Pour que l’Education nationale et publique retrouve de l’efficacité, elle doit être moins publique et moins nationale. L’avenir est au privé, non celui des écoles pour privilégiés, mais celui des établissements sous contrat, qui doivent rendre des comptes à la fois à l’administration qui les contrôle et aux familles qui les choisissent. Leurs dirigeants, tels des missionnaires de la République, ont un service public à assurer et, tels des chefs d’entreprise, une performance à atteindre.
L’avenir est au local, qui ajoutera aux programmes nationaux, incontournable socle commun pour toute une génération, les richesses d’une culture régionale et les spécialités de bassins d’emploi. Le gouvernement a manqué d’audace en redécoupant les régions sans ajouter une décentralisation éducative.
Briser la dictature des mathématiques au collège
L’Etat ne doit plus être le DRH impuissant des enseignants et le surveillant débordé des enfants. Des premiers, il doit améliorer le niveau en augmentant leurs salaires et l’exigence des concours de recrutement. Des seconds, il doit améliorer le niveau en insistant au primaire sur la maîtrise de la langue, en brisant la dictature des mathématiques au collège et en remplaçant le baccalauréat par un contrôle continu drastique au lycée et des concours d’entrée systématiques à l’université. Le tout en multipliant les bourses, accordées et bonifiées selon les talents et les résultats.
Avec une telle révolution, les professeurs accompliront de plus belles carrières, fondées sur leurs mérites et non sur leur docilité administrative ou leur panurgisme syndical. D’ailleurs, dans chaque métier, les meilleurs voudront enseigner à un moment de leur vie, tant la transmission des connaissances et la confrontation avec la jeunesse sont des tâches enthousiasmantes. Quant aux élèves, ils connaîtront une école plus contraignante, mais qui les aidera vraiment à devenir des citoyens accomplis et à trouver un travail.
Chacun peut contester le bouleversement ici proposé. Mais qui osera dire qu’il ne faut rien changer?