Cette semaine, le gouvernement dévoilait le « livret des parents », envoyé aux futurs parents entre le 4e et le 5e mois de grossesse. Il préconise notamment une éducation non-violente, sans fessée ou gifle. Un avis que partage l’auteure et fondatrice de la journée de la non-violence éducative, Catherine Dumonteil-Kremer.
La fessée est un moyen d’éducation que l’on utilise depuis des siècles. Nos parents utilisaient déjà la violence et la répression déjà avec nous. La façon dont on a été élevé se perpétue. Lorsque l’on juge ces méthodes traditionnelles, c’est à nous de casser ce cercle vicieux. Pour ma part, j’ai été plus menacée que fessée, mais lorsque l’on est enfant, craindre ses parents a pour conséquence de mélanger l’amour, la peur et le fait d’avoir mal dans notre esprit.
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La fessée, les gens souhaitent en parler et cherchent de nouvelles solutions, notamment pour gérer les situations de colère. Pour cela, il existe un kit d’urgence, c’est un premier pas. Pour ne pas représenter un danger pour son enfant, mieux vaut s’isoler, hurler dans un coussin, faire le tour du pâté de maisons, tout ce qui est possible pour ne pas déverser sa colère sur l’enfant.
L’initiative du gouvernement (qui délivre désormais un livret aux nouveaux parents dans lequel il rappelle que la fessée n’a aucune vertu éducative, NDLR) véhicule un message très positif. La formation aux parents intéresse de plus en plus. Tout le monde se sent concerné. D’autant plus depuis que les professionnels se sont accordés sur les méthodes appropriées. Plus personne aujourd’hui ne se risquerait à promouvoir la fessée.
« Souffrance et sidération empêche l’apprentissage »
Lorsqu’un enfant a une action inadaptée, il n’en a pas forcément conscience. Par exemple, s’il éteint et allume constamment l’ordinateur ou la lumière, il se peut qu’il soit dans une période où les interrupteurs le fascinent. Il découvre le monde, il apprend et fait des expériences en conséquence. Cela peut ne pas être de notre goût alors, au lieu de s’énerver, mieux vaut lui donner un interrupteur sur lequel il pourra s’amuser à sa guise. Et si, lorsqu’on le retire de cette situation, il se met à pleurer, on peut l’écouter, le cajoler, lui faire comprendre. Si on le blesse, il n’apprend pas, car les centres de l’apprentissage dans le cerveau sont complètement bloqué par la souffrance et la sidération.
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Si le comportement de l’enfant est inapproprié, notamment lorsqu’il veut quelque chose à tout prix dans les magasins, il faut comprendre que c’est son droit de demander, comme tout le monde. C’est ensuite notre rôle de répondre. On a alors trois options.
Si je donne une fessée, la crise démarre, je lui fais peur et je deviens le centre de l’attention. Si je cède, parce que j’en ai assez, je risque de lui faire des reproches par la suite. Si je lui dis « non » et que j’écoute les émotions qui suivent, même s’il pleure. Il a besoin d’exprimer sa tristesse pour passer à autre chose. S’il a été élevé de cette manière-là, il apprend notre façon de vivre, tout apprentissage se fait progressivement, par pallier. Et même s’il se roule au sol et fait une crise, ce n’est pas grave. Ce qui dérange réellement dans ce type de situation, c’est très souvent le regard des autres.
« On en récupère les fruits à l’adolescence »
La punition n’a jamais été mon truc. Tout ce qui peut blesser, même psychologiquement, apprend seulement à ne pas se faire prendre la fois suivante. La preuve en est: un enfant qui fait une bêtise et qui dit que ce n’est pas lui est un enfant qui ne se sent pas en sécurité.
On peut toujours expliquer les raisons de nos choix aux enfants, même pendant les crises. Il faut persévérer et tenir ses décisions. Ce n’est pas en lui disant une fois qu’il va comprendre. Au départ, il n’en tiendra pas compte, car il veut les choses de tout son être. Mais petit à petit, ça rentre. Cela installe la confiance entre le parent et l’enfant. On en récupère les fruits à l’adolescence. Un enfant qui a été puni, blessé, voire violenter, va mentir plus tard pour mieux cacher ses expériences malheureuses. On ne peut alors pas les aider en cas de problème -typiquement le jour où ils prennent leur première cuite- car la façon dont on les élève dès le plus jeune âge a des effets tout au long de la vie du parent.
Catherine Dumonteil-Kremer est auteure, formatrice, conférencière, fondatrice de la Journée de la non-violence éducative et mère de trois enfants.