Duisbourg (Allemagne) – Environ 45.000 salariés allemands de la sidérurgie ont manifesté lundi à l’appel du syndicat IG Metall pour dire leurs inquiétudes quant à leur avenir, et le ministre de l’Economie leur a promis que Berlin défendrait leurs intérêts à Bruxelles.
Organisée par le syndicat de l’industrie IG Metall, cette journée d’action baptisée « l’acier c’est l’avenir » a réuni plusieurs responsables syndicaux et responsables politiques, dont le ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, à Duisbourg, ville industrielle de la Ruhr qui abrite plusieurs hauts fourneaux, notamment ceux du numéro un allemand de l’acier Thyssenkrupp.
Quelque 16.000 salariés de différentes entreprises du secteur se sont retrouvés devant une usine de Thyssenkrupp, selon le syndicat, qui a recensé 45.000 participants aux manifestations dans tout le pays.
Celles-ci ont également eu lieu en Sarre, Etat-région frontalier de la France, en Basse-Saxe, qui abrite le numéro deux allemand de la branche Salzgitter, et à Berlin devant la chancellerie. Pour celle-ci 2.500 personnes sont venues de tout le pays.
« Il faut combattre les importations à bas prix en provenance de Chine et empêcher le renchérissement des certificats de CO2« , plaide le syndicat. A Duisbourg, son secrétaire général Jörg Hofmann a réclamé « un positionnement clair du gouvernement allemand à Bruxelles« .
Comme leurs pairs européens, les aciéristes allemands, qui emploient quelque 87.000 personnes dans le pays, sont victimes de la concurrence à bas coût en provenance de Chine et de surcapacités.
Ils s’insurgent également contre une réforme proposée par Bruxelles du système de négoce de certificats d’émissions de CO2, qui pénaliserait plus qu’à l’heure actuelle les industries polluantes.
Sur ce point, M. Gabriel a assuré les métallos du soutien de Berlin. « Je le dis clairement, je ne donnerai pas mon aval à un plan qui menace la sidérurgie allemande et se mue en programme de désindustrialisation« , a-t-il martelé.
Ce ne sont pas seulement les emplois directs dans l’acier qui sont en péril mais « en réalité il en va de 3,5 millions emplois qui dépendent d’une industrie sidérurgique performante« , a ajouté le ministre. « La réforme du système de droits d’émission doit rendre justice aux efforts que la sidérurgie et d’autres secteurs ont déjà faits« , a-t-il plaidé, évoquant les importantes réductions d’émissions de CO2 déjà réalisées dans l’industrie allemande ces 25 dernières années.
L’Allemagne, volontiers pionnière en matière d’environnement et de protection du climat, défend néanmoins quand il le faut bec et ongles son industrie à Bruxelles, comme elle l’a fait par le passé pour l’automobile.