Paris – Ira, ira pas’ A moins de trois mois de l’Euro-2016 (10 juin-10 juillet), les interrogations persistent sur l’avenir en équipe de France de Karim Benzema, aux prises avec l’affaire de la sex-tape, entre développements judiciaires et pressions politiques.
. Episode 1: quand les politiques s’en mêlent
La levée du contrôle judiciaire de l’attaquant du Real Madrid, le 11 mars, lui permet de côtoyer de nouveau Mathieu Valbuena, victime dans cette fameuse affaire de chantage à la sex-tape. Voilà donc ouverte la voie à son retour en équipe de France, même s’il reste mis en examen pour « complicité de tentative de chantage » et « participation à une association de malfaiteurs« .
Déclaré « non sélectionnable » le 10 décembre par la Fédération française de football, Benzema pensait voir enfin le bout du tunnel. C’était sans compter sur l’opposition venue du sommet de l’Etat.
« Je pense que les conditions aujourd’hui ne sont pas réunies pour que Karim Benzema vienne dans l’équipe de France. Il est toujours mis en examen. Par rapport à la jeunesse, un grand sportif se doit d’être exemplaire« , a affirmé Manuel Valls mardi sur RMC, répétant une position déjà exprimée en décembre et réaffirmée la veille par le ministre des Sports Patrick Kanner.
Le Premier ministre a toutefois pris des précautions oratoires en précisant que la décision finale appartenait à la FFF et au sélectionneur. La Fifa surveille en effet de très près les ingérences politiques dans le fonctionnement des fédérations nationales.
Piqué au vif mais se sentant cette fois en position de force, Benzema n’a pas tardé à répondre sur twitter: « Douze saisons que je suis professionnel: 541 matches joués, zéro carton rouge, onze cartons jaunes!!! Et certains parle (sic) de mon exemplarité »’« .
. Episode 2: Deschamps droit dans ses bottes
En attendant le feu vert pressenti de la FFF, Benzema n’a logiquement pas été retenu jeudi par Didier Deschamps pour les deux prochains matches amicaux de l’équipe de France contre les Pays-Bas (25 mars) et la Russie (29 mars). Ce qui n’a pas empêché le patron des Bleus de marquer son territoire et de défendre ses prérogatives face aux pressions politiques, soutenant ainsi implicitement un retour du joueur formé à Lyon.
« Monsieur le Premier ministre et le ministre des Sports ont pris position, j’en prends acte mais ils ont précisé, à juste titre, que la décision appartient au président de la Fédération (Noël Le Graët, ndlr) et à moi-même« , a-t-il insisté.
Pendant que la « 3F » et le sélectionneur tentent de voler au secours de Benzema, l’Euro s’inscrit de plus en plus en pointillées pour Mathieu Valbuena. En grande difficulté sportive et absent des 3 derniers matches de Lyon pour cause de blessure, l’ancien Marseillais manquera le prochain rassemblement des Bleus.
. Episode 3: une nouvelle affaire embarrassante’
Les révélations de Libération, vendredi, peuvent-elles saper les plans de la FFF et de Deschamps et expliquent-elles les déclarations politiques du début de semaine’
Selon le quotidien, Benzema a été entendu dans le cadre d’une autre enquête, pour blanchiment visant une société dont il est actionnaire.
Cette audition libre par les enquêteurs du Service national des douanes judiciaires (SNDJ) a eu lieu dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en septembre pour blanchiment en bande organisée, confiée au juge financier Renaud van Ruymbeke.
« A ce stade, aucune mise en cause de Karim Benzema n’est envisagée« , a cependant affirmé une source judiciaire à l’AFP.
De quoi rassurer Noël Le Graët, qui envisageait une confrontation entre Benzema et Valbuena avant de rendre le premier de nouveau sélectionnable en équipe de France, sans saisir la commission de discipline.
Mais cette nouvelle affaire risque tout de même d’exacerber l’opposition politique à son retour et ternir encore un peu plus l’image du joueur, et par ricochet celle des Bleus juste avant un tournoi organisé à la maison, compliquant la tâche des décideurs du football français.