Les mdias israliens s’interrogent sur les causes de la monte de l’extrmisme juif dans l’Etat hbreu. Au-del des auteurs des meurtres d’un bb palestinien en Cisjordanie et d’une adolescente lors de la Gay pride Jrusalem, ils s’interrogent sur le terreau qui a permis de telles drives.
Après les meurtres commis par des colons extrémistes juifs, la semaine passée, Benjamin Netanyahu a promis la « tolérance zéro ». Son ministre de la Défense Moshé Yaalon a autorisé leur mise en détention administrative, une mesure couramment pratiquée avec les Palestiniens. Cela suffit-il ? Une partie de la presse israélienne s’interroge après la mort d’un bébé (ses parents sont entre la vie et la mort), dans l’incendie provoqué par des colons à Douma, en Cisjordanie, et celle d’une adolescente de 16, Shira Banki, poignardée, avec 6 autres personnes, lors de la Gay pride de Jérusalem, par un extrémiste ultra-orthodoxe.
« Séisme moral »
« La maison brûle », avertit l’ex-députée du Meretz (gauche) Naomi Chazan dans le Times of Israel. « Une condamnation enflammée des auteurs et de ceux qui leur ont permis de prospérer n’empêchera pas le prochain assaut (…) Israël est ébranlé par un séisme moral qui est l’aboutissement de trop nombreuses années d’accommodements avec ses propres valeurs fondatrices. »
L’émotion est d’autant plus forte que les mots publiés sur la page Facebook du président Reuven Rivlin après le meurtre du petit Ali Dawabcheh, en arabe et en hébreu, lui ont valu des menaces. « Malheureusement, il semblerait que nous ayons jusqu’ici traité le phénomène du terrorisme juif avec légèreté », avait regretté le président, en appelant à prendre des mesures concrètes contre les auteurs de tels actes. Ce qui lui vaut d’être traité de « sale traître ». « En Russie, on t’aurait retrouvé découpé en morceaux dans une boîte à chaussures », écrit un internaute.
« Aucun suspect arrêté depuis la mort du bébé »
Pour Yossi Melman, spécialiste des questions de renseignements pour le Jerusalem Post, il n’y a aucune explication logique à l’impuissance des autorités qui n’ont jusqu’ici arrêté aucun suspect après la mort du bébé. « Il est incompréhensible, écrit-il, qu’un Etat qui réussit à défaire le terrorisme arabe et palestinien, qui constitue un modèle copié par de nombreuses agences de sécurité, trouve difficile d’affronter quelques centaines de terroristes et leurs complices ».
« L’État finance les criminels »
L’attaque terroriste de Douma « est peut-être l’acte d’une bande isolée », qui, comme l’illuminé qui a poignardé Shira Banki a aussi « reçu ses ordres de Dieu et seulement de lui », avance un éditorial du Yehodot Aharonot. « Mais le problème est plus profond. Le marécage d’où proviennent les prédateurs est à l’origine de ce drame, pas seulement ceux qui en sont issus (…) Les criminels sont protégés par leurs yeshivas, les rabbins et leur communauté. Le message largement répandu est que la violence paie. Dans de nombreux cas, l’État finance les criminels – directement ou indirectement. »
Le quotidien relève que les tribunaux israéliens sont composés de juges qui se montrent très indulgents envers les exactions commises par les colons et les groupuscules d’extrême droite: l’organisation israélienne Yesh Din estimait, en mai dernier, que 85,3% des plaintes de Palestiniens après des attaques de colons ont été classées sans suite.
« Les colons récompensés pour leurs violences »
« Les Israéliens n’ont pas le droit de se dire choqués du meurtre d’un bébé », renchérit Jeff Barak dans le Jérusalem Post, ni de faire comme si c’était la première fois. « Ont-il oublié la mort de Muhammad Abu Khdeir », brûlé vif en 2014 ? Non seulement les services de sécurité et la justice sont passifs face aux violences et crimes commis par les extrémistes juifs, poursuit-il, mais la classe politique au pouvoir à Tel Aviv contribue au climat qui permet de telles horreurs. « Le gouvernement, dirigé par un Premier ministre raciste (« les Arabes sortent voter en masse », avait clamé Benjamin Netanyahu pour effrayer l’électorat juif lors des dernières législatives), fait tout son possible pour saper l’état de droit, en particulier lorsque des colons sont impliqués. » Jeff Barak rappelle que Netanyahu a, la semaine dernière, « récompensé les manifestants violents de l’avant-poste de Beit El, avec la construction de 300 nouveaux logements après la démolition ordonnée par le tribunal de deux bâtiments construits illégalement sur des terres palestiniennes privées. Cette décision envoie le mauvais message à la communauté des colons et ne fait qu’encourager les actes de violence ».
« Un sous-produit de la colonisation »
« Les dénonciations tonitruantes de l’assassinat d’Ali Dawabsheh détournent l’attention du fait, fondamental, que la colonisation juive des territoires occupés est la mère de tous les péchés, complète un éditorial du journal de centre gauche Haaretz. Elle entache la moralité de la société israélienne et sape la légitimité universelle dont jouissait, et jouit encore Israël, au sein de ses frontières légales. »