Vous avez un ego fort, c’est bien normal, sinon ce n’est même pas la peine d’essayer de reprendre une entreprise. Mais ce n’est pas vous que l’on attend, c’est le repreneur idéal. Alors il va falloir convaincre. A toutes les étapes.
Lorsque l’on se lance, tout feu tout flamme, ou plus ou moins, dans le dur labyrinthe de la reprise d’entreprise, on en vient vite à constater que personne ne vous attend, vous. Certes on attend un futur repreneur, un futur chef d’entreprise, un groupe qui fait de la croissance externe, un riche qui peut payer cash sans sourciller, mais pas vous. Vous avez un ego fort, c’est bien normal, sinon ce n’est même pas la peine d’essayer. Mais ce n’est pas vous que l’on attend, c’est le repreneur idéal. Alors progressivement vous comprenez, ou pas, que cela ne va pas de soi mais qu’il vous faudra convaincre, convaincre, convaincre à toutes les étapes.
Convaincre vous-même que la voie que vous allez choisir de vous lancer dans la reprise d’entreprise est bien la bonne pour vous. Cela ne va pas de soi et c’est un projet trop complexe pour être pris par défaut d’un autre projet. Ce doit être la voie désirée dans laquelle vous allez vous impliquer fortement et pas un pis-aller.
Convaincre des intermédiaires de vous confier des bons dossiers, de vous donner tous les éléments permettant d’avancer dans la clarté. Et pas simplement de vous faire patienter avec le tout-venant plus ou moins invendable. Le savoir-faire principal d’un intermédiaire, comme dans tout business model de négoce, n’est pas de savoir bien vendre, mais de savoir bien acheter ce qui va se vendre plus facilement au bon prix. Ce n’est donc pas d’avoir beaucoup de repreneurs, sauf à vouloir jouer les lièvres, mais d’aller dénicher de beaux dossiers d’entreprises à vendre.
Convaincre d’illustres inconnus rencontrés au hasard de n’importe quelle occasion, mais qui ont vaguement entendu parler d’une boîte à vendre, de vous mettre en contact avec l’éventuel futur cédant potentiel.
LIRE AUSSI >> Cinq citations pour convaincre
Convaincre des cédants de vous vendre, à vous et pas aux autres candidats. Il est et restera toujours le seul maître à bord jusqu’à la vente et personne ne lui dictera à qui il doit vendre. A vous d’affûter vos armes et de convaincre.
Convaincre des chefs d’entreprise a priori pas vendeurs de le devenir.
Convaincre votre conjointque ce n’est pas si risqué que cela, que vous allez utiliser l’argent mis de côté par la famille, tout l’argent parfois, depuis de longues années, pour racheter une entreprise et partir à l’aventure on ne sait encore trop où ni trop comment.
Convaincre le ou la conjoint(e) du cédant qui est parfois celui ou celle qui choisira in fine le repreneur sur la base de critères nécessairement différents et que vous n’aviez pas imaginés au départ.
Vous convaincre à chaque moment que ce sera la bonne entreprise, le bon métier, le bon secteur, la bonne synergie potentielle avec votre expérience, la bonne ville de localisation, etc. Accessoirement le bon prix !
Convaincre les associés du cédant qui seront peut-être vos futurs associés ou collaborateurs.
Convaincre l’expert-comptable du cédant que sa méthode d’évaluation n’est pas la plus appropriée pour que l’opération se fasse.
Convaincre l’avocat du cédant qu’il peut valider votre lettre d’intention sans avoir vu de ses yeux vu la couleur de votre apport mirifique.
LIRE AUSSI >> Transmission d’entreprise: 13 attitudes d’avocat qui peuvent surprendre
Bien entendu,convaincre des banquiers par nature plutôt frileux de vous prêter un maximum d’argent pour réaliser le rêve de votre vie et d’éviter qu’ils ne vous considèrent juste comme de doux rêveurs.
Convaincre des fonds d’investissement d’investir à vos côtés dans une boîte trop petite pour eux mais qui a un grand avenir grâce à vous et qui va devenir leur participation phare. Vous verrez !
Convaincre vos bons amis de trente ans de vous prêter un peu d’argent pour compléter votre apport un peu faiblard et surtout participer à une aventure fantastique. Encore faudra-t-il qu’ils se souviennent de vous, et en bien de préférence.
Convaincre ceux de votre famille proche ou éloignée que leur ISF TEPA, s’il y sont assujettis, sera mieux investi dans votre futur projet de reprise d’entreprise d’un secteur auquel vous ne connaissez rien, au fin fonds de nulle part, pour un métier si éloigné du vôtre jusqu’à ce jour.
Encore plus convaincre les autres membres de votre famille proche ou éloignée, et qui ne payent pas d’ISF, de la même chose pour un seul petit strapontin au siège de votre future holding.
Convaincre un ticket de Loto de vous rendre gagnant pour compléter votre apport visiblement trop faible pour vos ambitions.
Je passe bien entendu sur les trésors d’ingéniosité dont il faut faire preuve afin de :
Convaincre votre conjoint(e) qu’un déménagement futur à Saint Malin-les-bourgs-sur-ruisseau est l’apothéose de votre vie commune tout en permettant une nouvelle vie au grand air.
Dans une moindre mesure, vous pouvez commencer tout de suite à essayer de convaincrevotre fille jeune pré-ado fébrile, mais pas encore rebelle, de 13 ans, que les boîtes de nuits de Saint Malin-les-bourgs-sur-ruisseau sont nettement plus fun que celles de Paris 8ème, et convaincre aussi accessoirement votre fils ado accro à tout ce qui comporte un écran et un clavier qu’il existe des tas de Geeks partout dans le monde et donc forcément aussi à Saint Malin-les-bourgs-sur-ruisseau.
Convaincre un acheteur pour votre actuelle maison ou appartement pour que cela colle exactement avec la date prévue pour le closing et le rachat d’un nouveau logement, beaucoup plus grand, pas trop loin de Saint Malin-les-bourgs-sur-ruisseau.
Vous pensez que cela va être dur ? Vous avez raison. Mais le savoir, c’est déjà développer l’argumentation qui va bien et affuter votre capacité de conviction. Vous êtes convaincu ? Alors, allez-y, foncez et convainquez tous les autres !