Paris – Considéré comme perdu depuis plus d’un siècle, le manuscrit de l’oeuvre d’Hector Berlioz, « Les Troyens », a été acquis par la Bibliothèque nationale de France (BnF), a-t-on appris lundi auprès de l’institution.
« La redécouverte de ce manuscrit ouvre des perspectives inédites sur la genèse de ce chef-d’oeuvre de l’art lyrique. Son acquisition par la BnF est un événement pour le monde de la musique et un enrichissement magnifique pour les collections nationales« , s’est félicité le président de la Bnf, Bruno Racine, dont le mandat s’achève dans un mois.
Entre les mains d’un collectionneur privé, ce manuscrit était réapparu à l’occasion d’une vente aux enchères par Sotheby’s. Alertée avant la vente, la BnF qui possède déjà la plus importante collection au monde consacrée à Berlioz, a décidé de s’en porter acquéreur avec l’aide du mécénat de la Société Générale et de dons recueillis lors du dîner annuel de la BnF en juin 2015.
Il a été acquis autour de 1,5 million d’euros.
Véritable chaînon manquant dans l’histoire des Troyens, ce manuscrit, classé Trésor national, révèle la version la plus complète de l’opéra connue à ce jour puisqu’elle contient des scènes qui furent supprimées par la suite de la version orchestrale et même des passages inédits, a souligné la BnF dans un communiqué.
« Le final et l’épilogue de cette version pour piano furent notamment écourtés sur les instances des directeurs de théâtre et de l’éditeur Choudens. L’étude de ces scènes encore inconnues permettra de découvrir précisément l’oeuvre originale et pourra contribuer à en donner une version convaincante lors de futures représentations de l’opéra« , ajoute le communiqué.
Le manuscrit comprend quatre des cinq actes de la pièce, le deuxième ayant disparu dans des circonstances inconnues : 596 pages écrites sur des cahiers à musique largement annotées essentiellement par Berlioz lui-même et peut-être aussi, fait rarissime, par son amie et interprète, la célèbre mezzo-soprano Pauline Viardot.
Outre le manuscrit des « Troyens« , la BnF a acquis l’an dernier, grâce au mécénat et à une souscription publique qui a rassemblé plus de 428.000 euros, un autre Trésor national, le « Bréviaire royal de Saint-Louis de Poissy« , un manuscrit précieux du XIVe siècle, estimé à plus d’un million d’euros.