Le prsident du Venezuela Nicolas Maduro s’est rsolu, face l’ampleur de la crise conomique, augmenter considrablement le prix de l’essence. Cette mme mesure avait entran des meutes meurtires en 1989.
Le Venezuela a du pétrole. C’est même le pays pétrolier où le carburant est le moins cher du monde. Mais son président semble à court d’idées pour faire face à l’ampleur de la crise économique. Aussi s’est-il résolu à mettre en place une mesure très sensible: augmenter le prix de l’essence. Beaucoup l’augmenter.
« C’est une mesure nécessaire, je l’assume », a déclaré mercredi Nicolas Maduro lors d’une allocution de plusieurs heures au cours de laquelle il a précisé que le nouveau prix pour l’essence super 95 serait de « 6 bolivars » (0,6 dollar) le litre, contre 0,01 dollar auparavant. Le prix de l’autre type d’essence, celle à l’indice d’octane de 91 appelée « normale », passera à 1 bolivar (0,1 dollar). La hausse de ce qui était le carburant le moins cher du monde est donc de 1328,5% pour le « normal » et de 6085% pour le « super ».
Le « Caracazo » de 1989 en mémoire
Cette mesure, reportée à plusieurs occasions par le président Maduro, est considérée comme un sujet ultra sensible, tant le souvenir du « Caracazo » reste vif. C’est le nom des émeutes meurtrières déclenchées en 1989 lorsque le gouvernement d’alors avait annoncé une hausse des prix à la pompe. Les prix des carburants étaient gelés depuis le milieu des années 1990 et aucun gouvernement n’avait osé briser ce tabou. « J’appelle à la paix et au respect de ces décisions nécessaires. L’heure est venue d’installer un système qui garantisse l’accès aux hydrocarbures à des prix justes », a jugé le président Maduro.
A la pompe ce mercredi soir, les automobilistes disaient comprendre cette mesure même s’ils redoutaient l’inflation qu’elle pourrait provoquer. Richard Rodriguez, responsable d’une coopérative à Caracas, a déjà fait ses comptes: « Avant, je faisais mon plein avec un bolivar (0,10 dollar), désormais, ça va m’en coûter 60 (6 dollars). Cela va nous obliger à augmenter nos tarifs », pronostique-t-il.
Les revenus issus du pétrole ont chuté de 70%
Revenant sur l’accord de mardi entre l’Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Qatar pour geler la production pétrolière afin de stabiliser les prix qui se sont effondrés ces derniers mois, Nicolas Maduro s’est refusé à « crier victoire ». Si cette mesure devrait « impacter de manière positive les prix très bas du pétrole », le président a appelé de ses voeux une « nouvelle alliance » entre les pays membres de l’Opep et ceux qui n’appartiennent pas au cartel « pour repenser la façon dont nous produisons, accédons au marché et dont les prix sont fixés ».
Un objectif déterminant, a-t-il reconnu, pour son pays qui tire 96% de ses devises du pétrole et importe la quasi-totalité de ce qu’il consomme. Les revenus du Venezuela issus du pétrole sont passées de 42 milliards de dollars en 2013, à 12,5 en 2015, soit une chute de 70%, a ajouté Nicolas Maduro. Le président vénézuélien a également annoncé une hausse du salaire minimum et une réforme du système de change, qui équivaut à une dévaluation de 37%.
Après les déclarations de l’Iran qui a apporté son soutien à cette décision de gel de la production pétrolière, les cours du pétrole ont nettement progressé mercredi. Mais pour l’économiste Asdrubal Oliveros, « une dévaluation ou une hausse des prix de l’essence ne sont pas des mesures qui sortiront le Venezuela de la crise. Il en faut bien plus ».