L’ex-ministre de la Justice a contact son diteur le 10 janvier pour publier son court texte contre l’extension de la dchance de nationalit… alors qu’elle tait encore au gouvernement. Mais comment ont-ils vit que cela ne s’bruite? Explications.
Comment Christiane Taubira et son éditeur, Philippe Rey, ont-ils gardé secret le livre que l’ex-ministre de la Justice a écrit avant sa démission du gouvernement, mercredi dernier? Alors que le petit ouvrage, Murmures à la jeunesse où elle critique l’extension de la déchéance de nationalité, est mis en place dans les librairies ce lundi matin, quelques détails émergent.
« Elle m’a contacté vers le 10 janvier pour me dire qu’elle avait écrit un court texte d’une centaine de pages et qu’elle souhaitait le publier fin janvier, avant l’ouverture du débat à l’Assemblée sur la déchéance de nationalité. Elle nous a aussi demandé la plus grande confidentialité », raconte Philippe Rey, qui avait noué de « très bonnes relations » avec la ministre à l’occasion de la réédition l’an dernier de son livre L’esclavage raconté à ma fille.
François Hollande a su le 23 janvier
« Le bon à tirer (le texte définitif envoyé à l’imprimeur) a été donné le 18 janvier et imprimé dans la semaine », poursuit-il. Christiane Taubira a alors « remis un exemplaire des épreuves au Président de la République le vendredi 23 janvier. Le président est parti en Inde le samedi et la démission a été annoncée mercredi matin », précise-t-il.
« Elle ne nous a rien dit sur sa démission, mais c’était intrigant pour moi, car j’imaginais qu’une ministre en exercice allait avoir quelques ennuis en publiant un texte comme cela avant un débat politique majeur… Mais pour nous, il devait être mis en vente avec la mention de l’auteure comme ministre de la Justice », poursuit-il. « Je ne sais pas si le livre a joué un rôle dans sa démission, mais il fait partie des éléments qui ont un peu forcé le destin », note-t-il, alors que Christiane Taubira a démissionné en raison d’un « désaccord politique majeur » dans le dossier de la déchéance de nationalité.
Impression en Espagne et « film opaque »
Pour garder le secret, l’éditeur a fait imprimer en Espagne car « il y a des agents du renseignement en lien avec pas mal d’imprimeurs français », assure-t-il. Le livre a été acheminé le 28 janvier en France « sous un film opaque ». Pour éviter les fuites lors de la mise en place des exemplaires en librairies, l’éditeur a proposé l’ouvrage aux libraires « ‘sous X’, sans révéler ni l’auteur, ni le contenu ».
« Les libraires ont bien joué le jeu car ils savent que nous ne sommes pas coutumiers du fait et que donc, c’était important », souligne Philippe Rey, qui regrette seulement que le mystère ait été éventé 12 heures trop tôt, par France 2 dimanche soir. Une anticipation qui attise toutefois la curiosité… Tiré dans un premier temps à 45 000 exemplaires, le petit ouvrage de 96 pages sort officiellement mardi. « Je pense qu’on va réimprimer assez vite », a indiqué l’éditeur.