Coupe Davis en Guadeloupe: Noah face aux « états d’âme » de Monfils

La zizanie reprend au sein de l’quipe de France de Coupe Davis. Gal Monfils a ouvertement critiqu le choix du capitaine Yannick Noah de jouer en Guadeloupe pour affronter le Canada. Ce dernier n’a pas apprci.

Yannick Noah devait être le sauveur de l’équipe de France mais son autorité est déjà mise à l’épreuve. Gaël Monfils a assuré que la plupart des joueurs français étaient initialement opposés au choix de leur capitaine d’aller en Guadeloupe pour affronter le Canada du 4 au 6 mars en Coupe Davis. « Avec beaucoup d’honnêteté et de recul, on n’est pas forcément tous contents d’aller en Guadeloupe », a dit Monfils, dont les parents sont guadeloupéen et martiniquais, précisant même que « 80% des joueurs ne voulaient pas » initialement.

Monfils, qui a assuré que cette déclaration n’était « pas dirigée contre Yannick Noah », s’est exprimé après sa défaite contre le Canadien Milos Raonic en quarts de finale de l’Open d’Australie.

Noah « ne comprends pas le problème »

A des milliers de kilomètres de là, son capitaine lui a répliqué en fin de journée. « On a décidé que c’était une très très bonne idée d’aller jouer sur terre battue pour des raisons techniques (…) On y va pour gagner. Après, les états d’âme des uns et des autres, sur le court, en dehors du court, voilà… », a déclaré Noah à Grigny (Essonne), en marge d’un déplacement pour son association « Fête le Mur ».

« Aller jouer à l’extérieur à la Guadeloupe, pour moi, c’est juste fantastique. La personne qui dit que ce n’est pas fantastique, de l’extérieur, elle ne comprend rien », a ajouté Noah, qui a milité pour ce choix. « Je ne comprends pas le problème. »

L’affaire a même pris un tour politique, avec l’intervention du secrétaire d’Etat aux sports Thierry Braillard, qui participait à ce déplacement avec Noah: « Quand on commence à contester une décision de l’entraîneur même sur un choix de match, c’est qu’on lui manque de respect. »

Le choix de Noah

Noah a été nommé en septembre après le limogeage d’Arnaud Clément. Avec un objectif premier: restaurer l’autorité sur le groupe, au sein duquel des tensions semblent exister. Le nouveau capitaine a pesé de tout son poids pour que le premier match de son mandat, contre le Canada, ait lieu en Guadeloupe, à Baie-Mahault, sur terre battue extérieure.

Cette rencontre avait déjà suscité la polémique peu après son annonce début décembre. La Guadeloupe avait un temps menacé de se retirer en raison du coût trop élevé selon elle (3,2 millions d’euros au final), avant qu’un accord ne soit trouvé avec le gouvernement. Selon Monfils, l’ex-vainqueur de Roland-Garros « a pris sa décision seul ».

« Il a peut-être eu un coup de chaud »

« Il nous a demandé, il a pris la température et il a tranché », a-t-il dit, assurant qu’il n’était pas question de boycotter: « C’est lui le capitaine, c’est lui qui décide et on suit. On arrondit un peu les angles et on va aller en Guadeloupe. J’ai envie de jouer pour la France et pour le maillot et je ferai l’effort. »Et d’ajouter: « Il est en Australie, je suis à Grigny. Moi je me caille, il a peut-être eu un coup de chaud, j’en sais rien. (…) Je connais très bien Gaël, on va parler à un moment. »

Les propos de Monfils sèment à nouveau le doute sur l’entente au sein de l’équipe de France, en particulier avec le leader Jo-Wilfried Tsonga. Selon Monfils, le Manceau était le seul à être favorable à la Guadeloupe, alors que Gilles Simon, Richard Gasquet et lui-même étaient contre, tout comme les joueurs de moindre importance, comme Nicolas Mahut.

Monfils « le cul entre deux chaises »

La raison invoquée par Monfils est la difficulté d’insérer le voyage aux Antilles au milieu de la saison ATP. Lui-même avait par exemple prévu de jouer sur dur en salle en Europe, en commençant par le tournoi de Montpellier juste après Melbourne. Tsonga va en revanche faire la tournée sud-américaine sur terre battue, ce qui est « un peu plus cohérent » avec le match en Guadeloupe, a fait remarquer Monfils.

Le Parisien a reconnu que la terre battue extérieure était la meilleure surface pour battre les Canadiens. Du moins en théorie, car il a aussi affirmé que le leader du Canada, Milos Raonic, celui-là même qui venait de le battre à Melbourne, n’aurait pas fait le déplacement si le match avait eu lieu dans l’Hexagone.

Etant donné ses origines guadeloupéennes, le Français n’a pas caché qu’il se sentait « le cul entre deux chaises ». Et d’expliquer: « Pour le calendrier, je trouve ça compliqué (…) L’homme de terrain dit autre chose. Il est super heureux d’aller jouer en Guadeloupe. C’est une première. C’est mes racines, c’est là que la moitié de ma famille vit. »