Non, l’existence de la nouvelle « neuvime plante » du systme solaire n’est pas prouve 100%. Cette probabilit, ne d’une simulation mathmatique, fait cho au mythe de la « plante X ». Mais elle ne sera confirme que par une future observation du lointain objet.
Le système solaire aurait de nouveau une « neuvième planète » dans ses rangs… Quelques années après la rétrogradation de Pluton, voici que des scientifiques américains de l’Institut de technologie de Californie (Caltech) ont calculé la présence de ce nouveau corps dix fois plus massif que la Terre. Une hypothèse accueillie avec autant d’excitation que de scepticisme, pour plusieurs raisons.
Une prédiction n’est pas – encore – une découverte
La nouvelle « neuvième planète » du système solaire n’a pas été découverte, au sens strict du terme. « Ce n’est pas une découverte mais une prédiction », précise Francis Rocard, responsable du programme d’exploration du système solaire au Centre national d’études spatiales (CNES). Et cette prédiction en fait déjà une star des réseaux sociaux, où l’on se bat pour la nommer « Nexus », « Azeroth » ou « Pluton II »…
L’hypothèse de son existence ne fait que s’épaissir grâce aux calculs mathématiques de l’équipe américaine qui signe l’article à son sujet, dans l’Astronomical Journal. Sa « signature gravitationnelle » permettrait d’expliquer des anomalies dans les orbites elliptiques et inclinées de plusieurs objets « transneptuniens », cette collection de corps très froids situés au-delà de Neptune, comme Pluton, Eric, Haumea ou Sedna.
Pour être compris par le commun des mortels: la force invisible qu’elle exercerait se traduirait par l’alignement de l’orbite de six objets de la ceinture de Kuiper sur un même plan. La probabilité de cette configuration n’est que de 0,007 chance sur 100… sans un aimant gigantesque.
Découvrir cette planète sera difficile
Il faudrait voir cette « neuvième planète » pour être certain qu’elle existe. Puis cette observation devra être confirmée pour éviter toute annonce ensuite contredite, à la façon de la myriade d’exoplanètes découvertes par Kepler dont certaines ne sont finalement que des faux positifs.
Mais après tout, les calculs ont aussi précédé l’observation dans les cas de Neptune et Pluton, découverts en 1846 et en 1930. Alors patience… Sauf que, contrairement à ces deux exemples passés, les astronomes de l’Institut de technologie de Californie « ne disent pas où regarder, sur une orbite très vaste, souligne Francis Rocard. Orbite qu’elle met 10 000 à 20 000 ans à parcourir, contre 365 jours pour la Terre ou 250 ans pour Pluton.
Le retour du retour de la « Planète X »
C’est l’Arlésienne du système solaire: la Planète X. Non, cet objet hypothétique n’a rien à voir avec les frères Bogdanov. Véritable mythe des passionnés de découvertes spatiales, la lointaine « Planète X » serait suffisamment grosse pour expliquer les anomalies des orbites d’autres corps déjà connus, incompatibles avec la loi de la gravitation de Newton. Ce « jeu de cache-cache » dure depuis un moment déjà…
Dès la découverte d’Uranus, en 1781, des irrégularités de son orbite (trajectoire, vitesse) conduisent des astronomes à imaginer cette Planète X. Sa traque a d’abord débouché sur la découverte de Neptune en 1846. Mais la masse estimée de cette dernière ne pouvait expliquer les anomalies d’Uranus. Retour aux calculs pour les astronomes… qui théorisent la présence de Pluton. Mais sa découverte en 1930 surprend: la planète naine ne peut pas être responsable seule des irrégularités orbitales de ses camarades.
En 1992, la découverte d’une ribambelle d’objets « transneptuniens » aux confins du système solaire relance l’hypothèse: pourquoi une planète géante ne se serait pas glissée parmi les astéroïdes et les comètes, au-delà de la ceinture de Kuiper? Serait-ce la « neuvième planète » qui fait fantasmer le microcosme depuis quelques jours?
La Nasa n’y croit pas vraiment
« Il est trop tôt pour affirmer que cette ‘planète X’ est bien là », tranche Jim Green, directeur des sciences planétaires à la Nasa, tout en se réjouissant que cette annonce « stimule un débat sain ».
Le mythe, qui a rendu bien des services indirects à la recherche scientifique, a même été littéralement tué par la Nasa en mars 2014. Le télescope WISE venait de sonder l’Espace aux rayons infrarouges, sans trouver aucun objet de la taille de Saturne dans un rayon de 10 000 unités astronomiques (UA), soit 10 000 fois la distance Soleil-Terre. Ni aucun objet de la taille de Jupiter dans un rayon de 26 000 UA.
« Il n’y a probablement pas de grande planète gazeuse dans la partie éloignée du système solaire », annonçait un spécialiste de la Nasa à l’issue de cette campagne. Les données récoltées par WISE n’ont pas non plus permis de trouver les hypothétiques étoiles soeurs du Soleil, baptisées Némésis et Tyche, dont la présence aurait pu expliquer des anomalies dans les trajectoires d’astéroïdes et de comètes.
Et si ces calculs n’étaient pas complets ou justes ?
L’existence de cette « neuvième planète » est déduite des calculs des astronomes américains, en fonction des orbites de six objets de la ceinture de Kuiper… Mais ces données sont-elles justes? Sont-elles complètes? « Nous n’avons pas connaissance de tous les objets de la Ceinture de Kuiper, et il suffirait d’en trouver six autres avec des orbites opposées pour expliquer le regroupement des périhélies constaté », avance Ciel et Espace.
Le magazine spécialisé annonce d’ailleurs la prochaine publication d’une étude contradictoire, en préparation à l’Observatoire de Nice et l’IMCCE, à Paris. « Nous avons travaillé à l’aide des orbites de Saturne et de Jupiter, obtenues par les données récentes de la sonde Cassini. Et nous n’arrivons pas aux mêmes résultats qu’eux », raconte Agnès Fienga, chercheuse de cette équipe française. Ciel et Espace ajoute que « ces données montreraient l’impossibilité de trouver une planète massive à une distance inférieure à 1200 UA. Soit le maximum de celle de Caltech. » En clair: c’est incompatible.
Alors qui a raison? Tant que personne n’a vu la « neuvième planète », impossible de trancher. Et, selon Alessandro Morbidelli, directeur de recherche au CNRS établi à l’Observatoire de la Côte d’Azur, interrogé par 20minutes, cela pourrait prendre « dix à quinze ans ». Patience et longueur de temps…