A Reims, émotion et emballement après l’agression d’une femme en maillot de bain

Aprs une avalanche de ractions indignes sur les rseaux sociaux, l’affaire de la jeune femme agresse pour avoir port un maillot de bain dans un parc de Reims rebondit. Selon des sources policires, l’agression n’aurait pas de motif « caractre religieux ou moral ».

« L’affaire de l’agression de la jeune femme en maillot de bain à Reims » n’a pas fini de faire parler d’elle. Relayée ce samedi par le journal régional L’Union-L’Ardennais, l’agression mercredi dernier d’une jeune femme, qui bronzait en maillot de bain dans un parc de Reims, par cinq autres jeunes femmes, a suscité l’émoi et l’indignation sur les réseaux sociaux, relayés par des sites souvent marqués à droite.

Âgée d’une vingtaine d’années, la victime, qui avait été conduite au CHU de Reims après l’intervention des secours, souffre de blessures nécessitant quatre jours d’incapacité totale de travail. L’agression n’aurait pas de caractère « moral ou religieux », selon une source policière. Ces nouvelles révélations contredisent l’article publié par L’Union, quotidien régional diffusé dans la Marne, l’Aisne et les Ardennes. Selon ce dernier, la jeune femme avait en effet été violemment agressée, en raison de sa tenue jugée « indécente ».

Un emballement politique et médiatique ?

Rapidement identifiées et interpellées par la police, les cinq personnes à l’origine de l’agression, trois jeunes femmes de 18 à 24 ans et deux mineures de 16 et 17 ans, ont été déférées au parquet en fin de semaine. L’auteure principale, âgée de 17 ans, a été présentée à un juge des enfants, qui l’a placée sous le statut de témoin assisté, mais cette décision a été contestée par le parquet qui a fait appel, a-t-on précisé au commissariat de Reims.

Ce weekend, sous le hashtag #jeportemonmaillotauParcLeo, les réactions, notamment de l’extrême droite, ont été nombreuses et parfois virulentes, souvent à l’égard de l’Islam. Parmi elles, on peut noter celle de Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône ou celle du vice-président du Front national Florian Philippot.

SOS Racisme contesté

L’association SOS racisme a également organisé, ce dimanche, un rassemblement en maillot de bain, très commenté sur les réseaux sociaux, qui n’a réuni qu’une dizaine de personnes. Contacté par Metronews, SOS Racisme s’est défendu de toute récupération politique de l’affaire. L’Union a filmé le rassemblement.

« On se mobilise pour soutenir la jeune fille, que le motif de l’agression soit la morale, la politique ou la religion. La lutte contre l’obscurantisme, c’est l’affaire de tous, aucune morale bienfaitrice ne peut limiter nos libertés  » a précisé à Metronews Tiguda Diaby, responsable des comités de région de SOS Racisme.

« Pas de lynchage »

Une autre version des faits a, depuis, fait son apparition. Interviewée par BuzzFeed France, une quatrième personne, Anna, dont le prénom a été modifié, aussi présente lors de l’altercation, a expliqué : « J’étais en effet avec trois amies et ma petite soeur mercredi vers 16h30, quand nous sommes allées au parc Léo Lagrange. Nous sommes passées devant trois filles en maillot de bain et j’ai juste dit à ma copine que si c’était moi, je n’oserais pas me mettre dans cette tenue. Mais j’ai dit ça car je suis complexée, absolument pas pour des questions religieuses ou morales. Je suis musulmane oui, mais tolérante ».

Convoquée devant le tribunal correctionnel de Reims, le 24 septembre, comme les deux autres femmes majeures, impliquées dans l’agression, la jeune femme de 19 ans a passé 24h en garde à vue après l’altercation. Elle réfute le terme de « lynchage », employé dans la presse locale. « Lorsque l’une des trois filles m’a entendue parler, elle m’a interpellée pour me dire qu' »avec mon physique, elle comprenait que je n’ose pas me mettre en maillot », a-t-elle ajouté. Elle a également dit que j’étais grosse. Je suis allée vers elle pour lui donner une gifle, puis elle s’est battue avec mon amie. À partir de là, j’ai tout fait pour les séparer. Elles se sont battues seulement toutes les deux, avant que des témoins puis un policier en civil ne s’interposent. »

Une vidéo « authentique » de l’altercation

Une autre jeune femme, impliquée elle-aussi dans l’agression a aussi témoigné sur Facebook, avant que son poste ne soit effacé du réseau social. Elle a dénoncé le traitement médiatique de l’affaire, déclarant : « C’est moi qui me suis faite agresser par la soi-disante victime ».

Un comité de soutien doit publier un démenti rapidement pour contester la version initiale du quotidien l’Union. Une vidéo, rendue publique par Buzzfeed France, présenterait l’altercation. Selon deux témoins et l’une des filles mises en cause, elle serait « authentique », affirme le site.

Appel au calme du maire

Dans un communiqué envoyé ce dimanche et sur son compte Twitter, le maire Les Républicains de Reims Arnaud Robinet a appelé au calme.

« Nous nous sommes engagés à préserver la tranquillité de nos concitoyens et la sécurité publique dans tous les quartiers. Pour ce faire, nous mettons en oeuvre les dispositifs nécessaires : augmentation progressive des effectifs de la police municipale et déploiement de la vidéosurveillance. Ce n’est malheureusement pas suffisant lorsque la bêtise humaine se manifeste. Par contre, il est également intolérable de stigmatiser une communauté ou une autre pour un acte commis par quelques-uns et sans connaître le fond de cette affaire. J’en appelle à toutes les Rémoises et à tous les Rémois et leur demande de garder leur calme. Laissons la police et la justice faire leur travail. »