Cinq jeunes filles, dont deux mineures, ont t dfres au parquet de Reims aprs l’agression d’une jeune femme qui bronzait en maillot de bain dans un parc. Ni la victime ni les mises en cause n’ont voqu de motif religieux ou moral.
« L’affaire du maillot de bain » s’éclaircit. Cinq jeunes filles, dont deux mineures, auteures présumées de l’agression mercredi d’une jeune Reimoise qui bronzait en maillot de bain dans un parc de la ville, ont été déférées au parquet de Reims, a-t-on appris ce dimanche de source policière.
Ni la victime ni les auteures des faits n’ont fait état d’un mobile religieux ou moral qui expliquerait l’altercation, a tenu à préciser la commissaire de permanence, Julie Galisson. Une information importante, puisque l’article initial, publié sur le site du quotidien régional L’Union, prêtait à l’auteure principale de l’agression un « discours aux relents de police religieuse« .
Une information qui avait engendré de nombreux commentaires -parfois racistes ou islamophobes– sur les réseaux sociaux. Largement relayée par des sites, souvent marqués à l’extrême-droite (Fdesouche ou Boulevard Voltaire)-, cette version a également inspiré de nombreuses réactions dans la classe politique. De Florian Philippot (FN), évoquant une femme lynchée car « vivant à la française », jusqu’au président de SOS Racisme Dominique Sopo, dénonçant « une morale de l’oppression qui réduit nos libertés ».
« Allez vous rhabiller, ce n’est pas l’été »
« C’est une altercation entre jeunes filles qui dégénère après qu’une des auteures de l’agression a dit (à des personnes qui prenaient le soleil en maillot de bain, ndlr): ‘Allez vous rhabiller, ce n’est pas l’été' », a expliqué le commissaire Julie Galisson. « Une des femmes ainsi interpellée ne s’est pas laissée faire et cela a dégénéré en violences », a-t-elle précisé.
Âgée d’une vingtaine d’années, la victime, qui avait été conduite au CHU de Reims après l’intervention des secours alertés par des témoins, souffre de blessures nécessitant quatre jours d’incapacité totale de travail (ITT).
« Elle a dit que j’étais grosse »
Après avoir publié un post sur Facebook dans lequel elle livre sa version, l’une des « agresseurs » a été contactée par BuzzFeed News. Elle confirme quelle était bien « avec trois amies et ma petite soeur mercredi (…) au parc Léo Lagrange ». « Nous sommes passées devant trois filles en maillot de bain et j’ai juste dit à ma copine que si c’était moi, je n’oserais pas me mettre dans cette tenue. Mais j’ai dit ça car je suis complexée, absolument pas pour des questions religieuses ou morales. Je suis musulmane oui, mais tolérante ».
Âgée de 19 ans, cette protagoniste conteste également le lynchage présumé et accuse l’une des trois filles qui bronzaient de l’avoir insulté. « Lorsque l’une des trois filles m’a entendue parler, elle m’a interpellée pour me dire qu »avec mon physique, elle comprenait que je n’ose pas me mettre en maillot’. Elle a également dit que j’étais grosse. Je suis allée vers elle pour lui donner une gifle, puis elle s’est battue avec mon amie. À partir de là, j’ai tout fait pour les séparer. Elles se sont battues seulement toutes les deux, avant que des témoins puis un policier en civil ne s’interposent ».
Toujours selon elle, si la victime a bien eu quatre jours d’ITT, son amie a également reçu un arrêt de travail de 10 jours, rapporte BuzzFeed. Reconnaissant et regrettant les faits, elle accuse néanmoins les journalistes de L’Union de ne pas avoir « vérifié les informations » et de « ne pas se rendre comptent de ce qu’ils font », citant les nombreux commentaires racistes et des disputes avec sa famille.
Le maire s’oppose aux amalgames
Arnaud Robinet, maire Les Républicains de Reims, a de son côté condamné l’agression en évoquant une manifestation de « la bêtise humaine ». Il a invité dans un communiqué la communauté rémoise à garder son calme en laissant « la police et la justice faire leur travail ».
« Il est également intolérable de stigmatiser une communauté ou une autre pour un acte commis par quelques-uns et sans connaître le fond de cette affaire », a ajouté Arnaud Robinet.
Les trois jeunes femmes à l’origine de l’agression -16, 17, 18, 19 et 24 ans-, ont été déférées au parquet en fin de semaine. L’auteure principale, âgée de 17 ans, a été présentée à un juge des enfants, qui l’a placée sous le statut de témoin assisté. Cette décision a été contestée par le parquet qui a fait appel, a-t-on précisé au commissariat de Reims. Les trois majeures sont convoquées devant le tribunal correctionnel de Reims le 24 septembre.