Attentats : comment les valeurs de la Bourse de Paris encaissent-elles le choc ?

L’onde de choc cause par les attentats de Paris ne doit pas faire oublier que la Bourse de Paris a trs bien ragi cette tragdie. Elle montre au reste du monde qu’elle rsiste la peur. Voici comment ragissent les principales valeurs.

L’économie française va-t-elle se remettre de la vague d’attentats commis sur son sol le vendredi 13 novembre ? Le CAC 40 a répondu dès le lundi 16 en ne cédant que 0,08 % au terme de la séance. Avant un franc rebond (+ 2,7 %) le lendemain. Reste à savoir si cet élan peut durer. « A l’échelle de l’Europe, les conséquences des attentats de Paris sont davantage politiques et sociales qu’économiques » pointe un cadre de Schroders (groupe international de gestion d’actifs).

Des pans de l’économie impactés

Gérants et analystes financiers font également la part des choses. Car ces tueries ont impacté des pans non négligeables de l’économie. Comme le tourisme qui pèse 8 % du PIB français. Dès le samedi 14, les établissements les plus prestigieux de Paris faisaient état d’annulations de réservations de 40 à 50 %. Le titre d’AccorHotels, le numéro deux européen du secteur, cédait 1,71 % le lundi 16. Par ricochet, le transport aérien était lui aussi atteint. Outre la peur des touristes, il lui a fallu compter avec nombre d’événements professionnels annulés ou reportés. Déjà plombée par un climat social délétère, Air France glissait de plus de 5 % le même jour. Du côté d’Aéroports de Paris, il faudra surveiller lors des prochains résultats, les pertes de redevances perçues sur chaque « slots », à savoir sur chaque atterrissage et décollage.

Les images de rues et de galeries commerciales désertées parlent d’elles-même. Le commerce a vu sa fréquentation chuter de 50 à 30 % lors de ce week-end tragique, avant de se reprendre et de limiter sa perte à -10 % sur sept jours, selon les chiffres du secteur.

Idem pour les Grands magasins. Comment compenser ces pertes d’exploitations survenues à un moment capital pour le chiffre de nombre de professionnels ? Avec des rabais conséquents quitte à grignoter des marges qui se remplumaient depuis la fin de l’an dernier. Mais de là à ce que cet exemple soit suivi par LVMH, Kering, Hermès et autres ténors du luxe, eux aussi touchés de plein fouet par cette onde de choc…

Renchérissement des primes d’assurance

Du coup, les foncières comme Unibail-Rodamco ou Klépierre risquent de devoir faire preuve de souplesse vis-à-vis de certains retards de loyer. Du côté de Gecina ou Silic, très présentes dans l’immobilier d’entreprises, une question devra être tranchée : qui assumera le renchérissement éventuel des primes d’assurance : les loueurs ou les occupants ? Après les attentats du 11 septembre, elles furent majorées de 30 % aux Etats-Unis…

Du côté de la Défense

Quid de la défense ? La substitution du Pacte de sécurité au pacte de stabilité décidée par François Hollande plaide en faveur de Thalès, Airbus, Dassault, Safran, etc. Sauf que ce sursaut se limite à 600 millions de dépenses supplémentaires. Soit six Rafale ! Réservés en priorité à l’export… Mais Sodexo ou Engie peuvent bénéficier de la rationalisation du train de vie des armées imposée « Balardgone », le nouveau QG de l’Etat-Major et du Ministère de la défense, ou tout ce qui n’est pas strictement stratégique est externalisé. Ces deux spécialistes des « utilities » pourraient récupérer quelques contrats autour de l’intendance des bases, des rechanges, des flux de combustibles, de pneus, etc…

Résilience du CAC 40

Mieux vaut donc tabler sur la résilience du Cac 40. Le DJ a effacé le ‘Nine Eleven’ , le 11 septembre, en vingt séances. Il n’en a fallu que sept et même une seule aux Ibex 35 et FT 100 après les attentats de Madrid et de Londres, en 2004 et 2005. Nombre d’investisseurs raflèrent à très bon compte des titres en chute libres dès la réouverture de Wall Street en 2001,sur une intuition et par élan patriotique.

Il suffit que les Etats-Unis lancent une alerte mondiale sur les vols en avions, le 23 novembre dernier et que le Moyen-Orient s’embrase à nouveau, pour que les marchés et les secteurs d’activités les plus vulnérables soient à nouveau contaminés par une fébrilité certaine : le mardi 24 novembre, AccorHotel a cédé près de 5 % et LVMH un peu moins de 4,3 %. Même punition pour Air France et ADP qui glissent respectivement de 3,86 et 2,08 %. Autant de point d’entrée pour se (re)positionner sur des valeurs aux fondamentaux solides sur le long terme…