La descente aux enfers de Bilal Hadfi, kamikaze du Stade de France

Bilal Hadfi s’est fait exploser proximit du Stade de France, le 13 novembre. Au dbut du mois, sa mre s’tait confi au quotidien belge La Libre au sujet de la radicalisation de son fils, parti en Syrie en fvrier 2015.

Son visage juvénile a fait le tour du monde. Bilal Hadfi s’est fait exploser le 13 novembre aux abords du Stade de France, à Saint-Denis. Âgé de 20 ans, il est le plus jeune des terroristes identifiés des attentats de Paris. Au début du mois, sa mère, Farima Hadfi, avait confié son désarroi au sujet de la radicalisation de son fils au quotidien belge La Libre. « J’avais l’impression qu’il allait exploser d’un jour à l’autre » (sic), confiait-elle. Des propos qui prennent une toute autre dimension aujourd’hui.

Ce cadet d’une famille de quatre enfants a longtemps vécu en Belgique, où sa mère réside toujours. Il était étudiant en électricité à l’Institut Anneeessens Funcks, à Bruxelles. Le 15 janvier dernier, Bilal Hadfi part subitement pour la Syrie, prétextant un voyage au Maroc pour se « ressourcer » et se recueillir sur la tombe de son père. La veille, il rend une dernière visite au domicile familial. « Quand il est venu à la maison, il avait les yeux rouges. Il m’a prise dans ses bras. Il savait que c’était un départ sans retour », confie Fatima Hadfi.

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Radicalisé au printemps 2014

Pendant trois jours, elle s’entretient avec son fils, qui s’enferme dans le mensonge. La vérité éclate trois jours plus tard. « Ma fille me téléphone pour me dire qu’elle vient me soutenir. Mes deux garçons arrivent et là je vois que quelque chose de pas catholique est arrivé. Ma fille me dit: Bilal est parti. Il est mort? Non il est parti en Syrie. » Elle ne le verra plus.

La radicalisation du jeune homme, fulgurante, remonte au printemps 2014. Sara Stacino, son professeur d’histoire, a observé la transformation de Bilal. Le jeune homme, fan de rap, cesse d’écouter de la musique. Celui qui pose sur Facebook au bord d’une piscine, cocktail à la main, affirme subitement que les femmes doivent porter le voile pour ne pas être violées. Les attentats de janvier 2015 témoignent du basculement.

Bilal Hadfi, en 2014 (capture d'écran France 24.com).

Bilal Hadfi, en 2014 (capture d’écran France 24.com).

Facebook

« Après les attaques de Charlie Hebdo, on a eu un cours très agité lors duquel il a presque monopolisé la parole. Il défendait les attaques, il disait que c’était normal, qu’il fallait que la liberté d’expression s’arrête. Que les insultes à la religion s’arrêtent », confie Sara Stacino au micro de la VRT. Fatima perçoit des changements chez son fils, mais les interprète mal. « Il a arrêté les cigarettes, le shit un mois avant [son départ, NLDR]. Il jeûnait le lundi et le jeudi pour demander pardon à Dieu. Moi je trouvais cela positif qu’il se repentisse et qu’il ne soit plus dans l’alcool et les joints. »

« Tu vis dans un pays de kouffar »

Après son départ pour la Syrie, Fatima cherche à maintenir le lien avec son fils. Un tâche difficile, à mesure de l’embrigadement de Bilal au sein du groupe Etat islamique. Au téléphone, il demande à sa mère de quitter la Belgique, « pays de mécréants », et de rejoindre la Syrie, où l’EI poursuit sa progression. Elle refuse. « Si je viens, c’est pour venir te rechercher. » La mère assiste à distance à la transformation de son fils. Il ne rit plus et « semble avoir pris vingt ans ». « J’ai peur que tu meures et que tu ailles en enfer parce que tu vis dans un pays de kouffar », lui lance-t-il un jour.

De son côté, la police belge ne perd pas de vue le jeune homme. Selon La Libre, il figurait sur une liste de l’organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam), qui compte 800 noms. Le 8 mars 2015, l’appartement familial bruxellois est perquisitionné. S’en suit une intervention de la brigade antiterroriste. A La Libre, Fatima Hadfi assurait ne pas avoir de nouvelles de son fils depuis trois mois. Les conditions de son retour en Europe pour commettre son attentat restent à éclaircir.