Philippe Brach, écorché vif du folk québécois

Montréal – A travers des textes bruts sur des sonorités rock, le compositeur et interprète Philippe Brach, écorché vif de la chanson québécoise, dégage une grande sensibilité et un regard aiguisé sur la société qui l’entoure.

« J’ai un certain mal à l’intérieur de moi, comme tout le monde, je pense qu’on a tous un démon« , confie l’artiste dans un entretien à l’AFP.

Son deuxième album, sorti à l’automne, égrène des thèmes comme l’avortement ou le cancer. Une création que Philippe Brach voit comme « un exercice de compréhension » pour « se mettre à la place des autres, avoir un peu d’empathie« .

Après le succès de son premier album il y a deux ans, le jeune québécois a enchaîné les concerts et il va bientôt atteindre la barre des 200 représentations depuis ses débuts en 2014.

Vendredi, avec une énergie rare et communicative, Philippe Brach a attiré les foules sur la place des Festivals à l’occasion des FrancoFolies de Montréal.

« La scène, c’est ma zone de confort« , assure-t-il. Et ses « 14 ans d’improvisation théâtrale » lui ont donné une belle assurance.

Le chanteur multiplie les facéties, se déguise volontiers et joue avec le public, s’exprime beaucoup en joual (patois québécois) mais sait, en Europe, adapter ses textes pour une meilleure compréhension.

Philippe Brach est déjà tourné vers son prochain album. « J’essaie de prévoir à l’avance, ça active le moteur créatif« , explique celui qui travaille avec différentes personnes, tant à la réalisation qu’avec les musiciens de studio. Une façon, affirme-t-il, d’être « plus efficace« .

– ‘Folk, country, rock’ –

Son style musical est « un peu disparate« , avoue-t-il. « Il n’y a aucune ligne directrice (…), il n’y a pas de frontières » et Philippe Brach explore la musique, voyage beaucoup. Mais son style garde une base « de folk, de country, de rock« , poursuit le chanteur originaire du Saguenay, à un peu plus de 200 km au nord de Québec.

Pour écrire, Philippe Brach avoue avoir une façon de travailler « très chaotique, parfois c’est la musique qui arrive en premier et le texte qui se rajoute, parfois c’est le texte qui arrive en premier, des fois ce sont les deux en même temps« .

L’interprète aime se produire sur les scènes européennes où le public a « encore la fibre de la découverte« .

Sans connaître le nom de Philippe Brach, des salles de 300 places pouvaient être pleines même quand le Québécois « était le seul spectacle de la soirée« .

« Des salles complètes de gens qui ne te connaissent pas, qui se déplacent et qui après quatre chansons se lèvent et foutent le camp, c’est beau et je trouve ça parfait« , dit-il très sérieusement.

Cette démarche relève d’un saut « dans l’inconnu, c’est incroyable et j’ai l’impression que l’on a perdu » cette spontanéité au Québec, estime Philippe Brach.

Brexit: le FMI craint un impact « négatif important » pour le Royaume-Uni

A quelques jours du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le Fonds monétaire international a rendu son examen annuel de l’économie britannique. En cas de Brexit, le FMI prédit une récession dès l’année prochaine.

Should they stay or should they go? Les Britanniques doivent voter pour le maintien ou la sortie du Royaume-Uni dans l’Union européenne, le 23 juin prochain. Dans l’attente des résultats de ce référendum, le Fonds monétaire international a rendu un rapport intitulé, « Implications macro-économiques du Royaume Uni quittant l’UE », qui prédit un avenir économique sombre pour le pays, en cas de Brexit.

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Une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne aurait un impact « négatif et important » sur l’économie britannique qui pourrait, au pire, tomber en récession l’année prochaine, a indiqué vendredi le FMI. Les experts, qui se livraient à leur examen annuel de l’économie britannique, ont jugé qu’un Brexit effectif entraînerait « une période prolongée d’incertitude qui pourrait peser sur la confiance et l’investissement et élever la volatilité des marchés financiers, les négociations sur de nouvelles conditions pouvant durer des années ».

Le chômage pourrait repartir à la hausse

Dans ce rapport, le FMI prévoit deux scénarios de conséquences: un « scénario limité » et un autre dit « défavorable » au cas où les négociations de sortie avec Bruxelles « ne se déroulent pas bien ». Dans le premier cas, la croissance du PIB de l’économie britannique ralentirait à 1,7% en cette année, puis 1,4% en 2017 au lieu de 1,9% et 2,2% actuellement prévus. Dans le scénario « adverse », l’économie du Royaume-Uni tomberait en récession en 2017 à -0,8% avant de se redresser à +0,6% en 2018, affirment les experts du FMI. Dans l’hypothèse d’un maintien dans l’UE, les experts du FMI s’attendent au final à une hausse de 2,2% du produit intérieur brut en 2017, après 1,9% attendu cette année.

LIRE >> Quelles seraient les conséquences d’un Brexit sur la Bourse de Paris ?

Le taux de chômage actuellement prévu à 5% cette année comme en 2017, remonterait à 5,3% en 2017 en cas de conséquences limitées. En cas de scénario défavorable, il culminerait à 6% en 2017 et 6,5% en 2018. L’inflation grimperait, toujours en cas de scénario adverse, à 4% en 2017 au lieu de 1,9% prévu. « L’effet à long terme sur la production et les revenus britanniques serait aussi probablement négatif et important, car de nouvelles barrières pèseraient sur le commerce, l’investissement et la productivité », expliquent les experts du Fonds.

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Russie: arrestation d’un couple gay qui rendait hommage aux victimes d’Orlando

Les deux hommes se rendaient à l’ambassade des Etats-Unis pour y déposer des fleurs en hommage aux 49 victimes lorsqu’ils ont été arrêtés par la police à Moscou.

Ils souhaitaient se recueillir. Deux jeunes Russes ont été arrêtés lundi soir alors qu’ils rendaient hommage aux victimes de l’attentat perpétré dans un club gay d’Orlando, raconte le journal russe RBK.

Islam Abdoullabekov et Félix Glioukman se rendaient à l’ambassade américaine pour y déposer des fleurs et une pancarte sur laquelle était écrit en anglais « L’amour gagne – Soyons avec Orlando » lorsque deux policiers les ont arrêtés, ont-ils expliqué à RBK. « Les policiers nous ont tout de suite arrêtés et mis dans leur voiture pour [avoir fait, NDLR] une soit-disant ‘action non autorisée' », a expliqué Islam Abdoullabekov, responsable des réseaux sociaux pour RBK.

« Nous n’avions pas prévu de faire un acte politique »

« Nous voulions seulement présenter nos condoléances pour le meurtre de ces gens et nous n’avions pas du tout prévu de faire un quelconque acte politique », a-t-il assuré.

Sur leurs pages Facebook respectives, les deux jeunes hommes, qui disent former un couple, ont posté des photos prises à la volée dans la voiture de police. « C’est complètement surréaliste », commente Islam Abdoullabekov en guise de légende. « On a essayé de déposer des fleurs et une pancarte à l’ambassade, on n’a pas réussi », ajoute son ami, Félix Glioukman, qui a posté sur Instagram une photo de lui en garde à vue, son panneau tombé par terre.

Des bougies, des fleurs et des dessins ont été déposés près d’une des barrières protégeant l’accès à l’ambassade des Etats-Unis, au lendemain du massacre qui a fait 49 morts et 53 blessés à Orlando.

Un « crime barbare », selon Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a qualifié ce carnage de « crime barbare » et présenté ses condoléances aux proches et aux amis des victimes.

Les rassemblements de soutien à la communauté homosexuelle sont systématiquement interdits en Russie, où l’homosexualité a été considérée comme un crime jusqu’en 1993, puis comme une maladie mentale jusqu’en 1999, et où l’homophobie s’exprime souvent ouvertement.

LIRE AUSSI >> Russie: « Dès que l’on déclare ouvertement son homosexualité, on est menacé »

A Londres, les publicités avec des corps « irréalistes » bannies des transports

Cette nouvelle réglementation entrera en vigueur dès le mois prochain dans les transports de la capitale britannique.

Les publicités susceptibles de créer chez les utilisateurs des transports en commun de Londres des « problèmes de confiance en soi liés à leur corps » vont être interdites à partir du mois prochain, a déclaré lundi le nouveau maire de Londres, Sadiq Khan.

Cette nouvelle réglementation s’appliquera à quelque 12 000 publicités affichées chaque année dans les bus, tramways, métros et trains qui circulent sur le réseau de Transport for London (TfL) géré par la mairie.

« A partir du mois prochain, TfL ne permettra pas l’affichage de publicités pouvant […] faire pression, en particulier sur les jeunes, afin qu’ils se conforment à un physique irréaliste ou malsain ou susceptible de créer des problèmes de confiance en soi liés au corps », a indiqué, dans un communiqué, le bureau du maire de la capitale britannique, qui gère TfL.

« Rabaisser les gens, en particulier les femmes »

Sadiq Khan a défendu ce choix. « En tant que père de deux adolescentes, je suis extrêmement préoccupé par ce genre de publicités qui peuvent rabaisser les gens, en particulier les femmes, et leur faire avoir honte de leur corps. Il est grand temps d’y mettre fin ». « Pendant les déplacements en métro ou en bus, personne ne devrait se sentir oppressé par des attentes irréalistes liées à son corps. Je veux envoyer un message clair aux publicitaires sur ce point », a-t-il ajouté.

En juillet 2015, le gendarme britannique de la publicité avait jugé qu’une campagne d’affichage dans le métro londonien qui vantait un régime protéiné en montrant une jeune femme en bikini, n’était pas offensante. Nombre d’usagers l’avaient cependant qualifiée de « sexiste ».

L’un des marchés les plus rentables

« Votre corps est-il prêt pour la plage? », interrogeait le slogan de cette publicité pour la marque Protein World en montrant une photo aguicheuse du mannequin australien Renee Somerfield simplement vêtue d’un maillot de bain jaune.

Le marché publicitaire de TfL est l’un des plus rentables au monde avec un chiffre d’affaire attendu de 1,5 milliard de livres (1,98 milliard d’euros) au cours des huit prochaines années, selon la mairie de Londres.

Argentine: « Messi est un leader », répondent ses coéquipiers à Maradona

Seattle (Etats-Unis) – « C’est un leader », « un phénomène sur le terrain et en dehors », ont assuré en marge de la Copa America 2016 les coéquipiers de Lionel Messi dimanche en réponse indirecte à Diego Maradona qui a regretté la semaine dernière le manque de personnalité de la star argentine.

« Il y a plus que ce qu’il accomplit sur le terrain ce qui est déjà énorme pour n’importe quelle équipe. En dehors, on le voit, il inspire le respect« , a déclaré Nicolas Gaitan, doublure de l’attaquant du FC Barcelone lors des deux premiers matches de la Copa America 2016.

« C’est un phénomène sur le terrain et en dehors, c’est un leader qui tranquillise« , a renchéri Marcos Rojo.

« En trente minutes, il fait la différence sur le terrain mais c’est aussi quelqu’un de bien, il est très proche de tout le monde« , a poursuivi le défenseur de Manchester United.

Pour sa première apparition dans la Copa America 2016, vendredi contre le Panama (5-0), Messi est entré à l’heure de jeu et a marqué trois buts en moins de trente minutes alors que son équipe était jusque là malmené (1-0).

Il n’avait pas participé à la victoire de l’Albiceleste face à la Chili (2-1) lundi car sa préparation avait été perturbée par des douleurs au dos et un aller-retour en Espagne pour comparaître dans son procès pour fraude fiscale.

A la veille du match contre le Panama, Maradona avait confié à la légende brésilienne Pelé que Messi n’avait « pas de personnalité« .

« C’est une bonne personne mais il n’a pas de personnalité. Il n’a pas la personnalité pour être un leader« , avait déclaré le champion du monde 1986, interrogé par Pelé à Paris en marge de l’Euro-2016.

Messi, quintuple Ballon d’Or, espère offrir à l’Argentine son premier titre depuis 1993. Sous sa conduite, l’Albiceleste a échoué de peu en finale du Mondial-2014 (1-0 a.p. contre l’Allemagne) et de la Copa America 2015 (0-0 a.p., 4 tab à 1 contre le Chili).

L’Argentine est déjà assurée de participer aux quarts de finale de la Copa 2016 mais doit s’imposer, ou faire match nul, face à la Bolivie mardi pour terminer à la première place du groupe D.

L’Allemagne favorisée par l’arbitre avec l’absolution des commentateurs

Une fois de plus l’Allemagne a gagné. Une fois de plus c’est avec l’aide de l’arbitre. Mais cela se fait désormais avec la bénédiction des commentateurs et c’est une nouveauté.

Avant tout disons les choses clairement, pour qu’aucun soupçon ne puisse venir ternir notre impeccable réputation de sérieux et d’objectivité : les Allemands ont bien joué, et Neuer a effectué plusieurs arrêts de très grande classe.

Mais il faut aussi préciser que les défenseurs allemands étaient eux beaucoup moins inspirés. Sans Neuer dans les buts, ce qui aurait pu arriver si sa tentative d’assassinat sur Higuain avait été sanctionnée comme elle le méritait, les Allemands auraient pu arriver à la mi-temps avec un ou deux buts de retard.

Pour une fois que Neuer semblait battu, Boateng le sauve. En plus de tout il a de la chance.

Pour une fois que Neuer semblait battu, Boateng le sauve.

En plus de tout il a de la chance.

Mais donc ce ne fut pas le cas, on peut être un assassin en puissance et un goal talentueux, nous avons l’honnêteté de rendre hommage au talent de Neuer.

Cela ne doit pas nous empêcher de noter que le but marqué par les allemands à la 19e minute l’a été sur un coup-franc à peu près imaginaire. Comme il en a l’habitude Müller s’est tordu de douleur après le tacle de Rakytskiy, mais le ralenti montre bien que le tacle est correct. Il y a contact mais il n’y a pas faute. Et les plus anciens se souviennent avec douleur de la demi-finale France Allemagne de 1986, et de ce but de Brehme sur un coup-franc également injustifié.

L’arbitre a donc été généreux avec les Allemands, ce n’est pas une réelle nouveauté, mais nous avons dû subir en plus (pour ceux qui regardaient Bein) les commentaires odieusement pro-germaniques de Jean-Charles Sabattier. Il n’aura pas eu un mot pour souligner que ce coup-franc décisif devait plus au talent de comédien de Müller qu’à l’application stricte des règles du jeu alors que c’est un élément évidemment important.

Jean-Charles Sabattier pris sur le fait, en train de lire un journal allemand. Est-il victime de la propagande pro-germanique ou s'en fait-il le complice ?

Jean-Charles Sabattier pris sur le fait, en train de lire un journal allemand.

Est-il victime de la propagande pro-germanique ou s’en fait-il le complice ?

Ce parti pris germanophile s’est exprimé tout au long du match par la manière de prononcer les noms des joueurs allemands. Jean-Charles Sabattier (ou devrait-on dire Johan Karl ?), grand spécialiste du football allemand, a fait étalage de son impeccable prononciation pendant les 90 minutes. Ainsi Hector était-il Hhhektöööhhrr, et Neuer Nöilleuhhh. Les Ukrainiens étaient eux prononcés à la française bien évidemment, on aurait donc pu nous épargner ces gutturalités appuyées pour nommer les joueurs d’outre-Rhin.

Mais le pire était à venir. 88ème minute. Sur une passe en retrait maladroite de Mustafi, le ballon roule vers la ligne de but allemande, poursuivi par les défenseurs allemands, Neuer (pardon, Nöilleuhhh) et l’attaquant ukrainien Seleznov. Celui-ci est à la lutte avec Nöilleuhhh, il tombe (dans la surface) et Boateng peut finalement dégager en corner. Le ralenti le montre de manière indiscutable, Nöilleuhhh va délibérément au contact avec Seleznov, il le bouscule sans aucunement jouer le ballon (qui est déjà loin). C’est net, il y a faute, et donc pénalty.

Oups ... je ne sais pas ce que cette image vient faire ici. Une erreur de notre documentaliste sans doute. Toutes nos excuses.

Oups … je ne sais pas ce que cette image vient faire ici.

Une erreur de notre documentaliste sans doute.

Toutes nos excuses.

L’arbitre ne réagit pas. Une faute de Nöilleuhhh que l’arbitre ne sanctionne pas, voilà qui ne mériterait pas même d’être mentionné sur ce blog. Mais ce qui est plus remarquable c’est l’absence de commentaire de Johan Karl. Le réalisateur insiste pourtant et nous voyons sous plusieurs angles cette faute indiscutable et pourtant impunie. Or ce pénalty oublié n’émeut pas le moins du monde Jean-Charles Sabattier, qui semble ne pas voir les mêmes images que nous.

On peut au moins se demander pourquoi.

Nous n’avons rien contre les Allemands. Mais nous regrettons que les erreurs d’arbitrage en leur faveur, auxquelles nous sommes maintenant habitués, bénéficient désormais de l’absolution aveugle des commentateurs.

Brexit: Goodbye Europe, un regard lucide sur l’Union européenne

La députée au Parlement de Strasbourg Sylvie Goulard lève le voile sur la réelle portée du Brexit. Trois raisons de lire Goodbye Europe.

La vérité

Le Brexit n’est pas ce que l’on vous en a dit, et Sylvie Goulard en dévoile les ressorts et les conséquences. Derrière cet accord se cache une vraie défaite pour l’Europe et, quel que soit le résultat du 23 juin, les effets secondaires en seront douloureux.

NOTRE DOSSIER >> Le Brexit

« L’accord de février 2016 est un trompe-l’oeil, explique-t-elle. S’il est insignifiant, comme le prétendent certains à Bruxelles, pourquoi faire croire au peuple britannique qu’il apporte une clarification attendue depuis des décennies? S’il est contraignant, comme on le soutient à Londres, comment imaginer le faire avaler de force aux autres Européens. »

Le courage

Européenne convaincue, infatigable députée au Parlement de Strasbourg, Sylvie Goulard ne se berce pas d’illusions. Sur la panne généralisée des institutions et sur l’épuisement politique de l’Union, sa lucidité est totale..

L’espoir

L’auteur ne renonce pas à son rêve, même si elle croit trop facilement que changer la Ve République relancerait l’Europe… Le salut ne peut venir que de deux grands dirigeants, en France et en Allemagne, abjurant tout égoïsme national. Alors pourra commencer, à quelques pays, une Europe plus fédérale.

GOODBYE EUROPE, par Sylvie Goulard. Flammarion, 136p., 12€.

France – Roumanie 2-1: les victoires galères sont les plus utiles

Euro 2016 – La victoire arrachée par l’équipe de France contre la Roumanie (2-1) a une valeur inestimable. Contrairement aux idées reçues, il est logique et souhaitable de mal jouer en ouverture d’un grand tournoi.

En football, le bonheur tient parfois à quelques secondes ou à un exploit individuel. La victoire de la France contre la Roumanie (2-1) repose sur les deux. La frappe sublime de Dimitri Payet a décidé, seule, du sort du match d’ouverture de l’Euro 2016. Sans elle, sans l’extase qui l’a suivie, sans la victoire qu’il a permise, nous passerions les cinq jours qui nous séparent de France – Albanie à méditer ce qui manque à l’équipe de France pour être digne de son statut de vainqueur potentiel de l’Euro. La liste de ces lacunes est longue :

L’équipe de France n’a pas été capable de maîtriser le rythme de la rencontre et de l’imposer à la Roumanie;

– Elle a été globalement trop peu capable de répondre à la pression collective des Roumains;

– Elle a elle-même défendu en reculant et concédé dix frappes;

– Entre l’arrêt ahurissant de Loris (3e) le but extraordinaire de Payet, elle a été lâchée par ses individualités, Griezmann et Pogba en tête, sortis en seconde période;

– Elle a manqué de réalisme sur ses occasions arrachées à la tension.

– Entre autres déceptions, les Bleus ont aussi subi les dix dernières minutes sur le plan physique. Les entrées de Coman, Martial et Sissoko, tous capables de proposer de gros défis athlétiques à leurs adversaires individuels, n’y ont rien changé. Une victoire roumaine n’était pas une hypothèse d’école.

Les joueurs de l'équipe de France, Blaise Matuidi et Antoine Griezmann, lors de la victoire de l'équipe de France face à la Roumanie 2-1, le 10 juin 2016.

Les joueurs de l’équipe de France, Blaise Matuidi et Antoine Griezmann, lors de la victoire de l’équipe de France face à la Roumanie 2-1, le 10 juin 2016.

REUTERS/Christian Hartmann

En réalité, le scénario de France – Roumanie est, en tout point, idéal pour qui espère voir les Bleus poursuivre leur parcours jusqu’à la finale du 10 juillet. Une idée discutable infuse tous les discours à chaque ouverture du tournoi: le premier match conditionnerait la suite. C’est absurde, historiquement faux et statistiquement improbable.

C’est pourtant devenu une sorte vérité biblique depuis que, un jour de juin 1998, l’équipe de France a battu l’Afrique du Sud 3-0 au Stade Vélodrome de Marseille pour ouvrir sa Coupe du monde. Ce premier match abouti du Mondial en France avait balayé deux saisons de doutes et de matches sans promesse. Il avait été l’acte I d’une improbable épopée jusqu’au titre mondial. Il a créé une jurisprudence, goulument entretenue par les acteurs d’il y a dix-huit ans devenus consultants. France – Danemark (3-0), au début de l’Euro 2000, s’est chargé de transformer la jurisprudence en vérité indépassable.

Pic de forme en juillet

Cette vérité a très mal vieilli. Il est inutile de remonter très loin: à notre connaissance, la victoire aisée contre le Honduras (3-0) suivie d’une démonstration contre la Suisse (5-2) ont permis à la France de réaliser un excellent premier tour lors de la Coupe du monde 2014. L’histoire s’est arrêtée en quart de finale, contre l’Allemagne (1-0). Les Bleus avaient été excellents trop tôt.

Que l’équipe de France ait sorti les rames au Stade de France constitue un scénario plus porteur. Dans les grandes phases finales, il y a deux types d’équipe. Celles qui programment leur pic de forme pour créer la sensation au premier tour. Celles qui le programment pour la fin du tournoi – généralement les demi-finales. La Roumanie appartient à la première catégorie. La France à la deuxième. L’une des grandes surprises de la Coupe du monde 2014 avait été d’entendre le staff tricolore affirmer avoir programmé ce pic de forme pour le premier tour. En 2016, la dead line a été repoussée pour juillet. Les Bleus ne pouvaient pas être au top.

En 1984, 1986 et 2006, un début poussif avait été très utile

La génie français en matière de football, s’il existe, consiste à galérer au départ et à prendre confiance avec le temps. En 1984, l’Euro français avait débuté par une victoire arrachée au Danemark (1-0), grâce à un but chanceux de Platini à la 78e minute, après une partie très tendue sur tous les plans. Deux ans plus tard, Jean-Pierre Papin avait délivré la France contre le Canada, toute petite nation de football, en ouverture de la Coupe du monde 1986 (1-0), plus tard achevée sur une troisième place. Toute ressemblance avec France-Roumanie n’est pas fortuite. Les Bleus de la Coupe du monde 2006 avaient même débuté par deux nuls décevants contre la Suisse (0-0) puis la Corée du Sud (1-1). A l’arrivée, une finale de Coupe du monde perdue aux tirs au but.

Si contre-exemple il y a, il vient de l’Euro 2004 et de la victoire arrachée face à l’Angleterre (2-1) sur deux penalties de Zidane très tardifs. L’émotion renversante avait conforté les Bleus déclinants de 1998 et 2000 dans l’idée, fausse, d’une supériorité retrouvée. Ce risque-là ne concernait pas les Bleus de Didier Deschamps. France – Roumanie va les conforter dans l’ambition qui les anime et l’humilité qui construit sa progression. Il ne pouvait rien arriver de mieux.

Olivier Giroud en difficulté face à la Roumanie, lors du match d'ouverture de l'Euro 2016.

Olivier Giroud en difficulté face à la Roumanie, lors du match d’ouverture de l’Euro 2016.

REUTERS/Charles Platiau

Turquie: Erdogan et le mystère du diplôme

Ankara – L’omnipotent chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan est-il vraiment diplômé d’université, comme le demandent ses opposants’ Cette question est explosive car en Turquie, sans justifier de quatre ans d’études supérieures, on ne peut prétendre à la présidence.

« Vous voulez que l’on fasse 10 millions de copies de ce diplôme pour l’envoyer aux adresses de tout le monde ‘« , a répondu lors d’une conférence de presse mercredi le porte-parole de la présidence Ibrahim Kalin, visiblement lassé de ce débat récurrent.

La question du diplôme de l’homme fort de Turquie est sensible : sans le précieux sésame, un citoyen ne peut pas occuper la magistrature suprême, selon la Constitution.

Alors que le débat battait son plein, le président Erdogan a reçu début juin en grande pompe son 44ème doctorat honoris causa, de l’Université Makerere de Kampala, la capitale ougandaise, où il était en déplacement.

Cette boulimie suscite l’hilarité de ses détracteurs qui mettent en cause l’authenticité de son propre diplôme universitaire. A titre de comparaison, le président américain Barack Obama n’a « que » six doctorats honoraires.

D’après sa biographie officielle, M. Erdogan a été diplômé en 1981, après quatre années d’études (bac+4), de la faculté des sciences économiques et administratives de l’Université de Marmara, à Istanbul, après un parcours en lycée professionnel formant des imams, dont il est particulièrement fier.

L’université en question, dont le recteur actuel, Mehmet Emin Arat, est un ancien camarade de classe du président, avait publié la photo du diplôme lors de la première élection présidentielle au suffrage universel, en 2014, à l’issue de laquelle, après trois mandats de Premier ministre, M. Erdogan avait été élu à la tête de l’Etat.

– ‘Nos oeuvres’, d’Erdogan –

Habitué des polémiques -il a récemment déclaré que les femmes sont « incomplètes » si elles rejettent la maternité-, M. Erdogan a balayé les critiques concernant son diplôme lors d’un discours le week-end dernier devant les nouveaux diplômés de la faculté de théologie de cette même université.

« C’est plutôt un président sans diplôme qui est incomplet« , ont répliqué des turques en colère sur les réseaux sociaux.

« Malgré toutes les explications et les déclarations qui ont été faites à ce sujet, certains veulent avec insistance relancer le débat. Quoi que vous fassiez, nos oeuvres parlent d’elles-mêmes« , a asséné devant un parterre acquis le président turc, qui utilise régulièrement la première personne du pluriel pour se désigner.

Toutefois le débat sur son diplôme ne cesse de revenir sur la scène politique alors que M. Erdogan cherche avec insistance, malgré l’hostilité de l’opposition, à renforcer ses prérogatives présidentielles, autre sujet de grande controverse.

« M. Erdogan n’a pas un diplôme d’université, mais de collège (premier cycle)« , c’est-à-dire bac+2 ou +3, d’un établissement qui n’a été rattaché à l’Université de Marmara qu’en 1983, soit après les études du président, a affirmé mercredi l’Association des professeurs d’université (Univder), dans un communiqué.

Un ancien procureur, actuellement à la tête d’une association de magistrats, Omer Faruk Eminagaoglu, a déposé une plainte devant le parquet d’Ankara et le haut conseil électoral (YSK), réclamant que M. Erdogan soit déchu de son mandat car l’absence, selon lui, d’un diplôme le rend automatiquement inéligible. Celui-ci évoque même l’hypothèse d’une falsification du diplôme pour pouvoir prétendre au poste suprême.

L’autorité électorale a cependant entretenu le doute en rejetant la plainte, dans un pays où le régime de M. Erdogan contrôle l’ensemble des administrations.

Twitter bruissait jeudi de commentaires sur l’affaire, des internautes s’attaquant au dirigeant turc et bravant ainsi les poursuites judiciaires que ses avocats lancent quotidiennement pour « insulte » contre journalistes, intellectuels ou simples citoyens.

« Cette personne qui a si envie d’enfiler une robe universitaire, la honte!« , a lancé sur Twitter Belgin Güneri sous le mot dièse #diplomasidasahte (#SonDiplomeAussiEstFaux).

Mais nombreux sont aussi ceux qui défendent le « Raïs« , qui incarne à leur yeux la grandeur de la Turquie. « Le raïs a donné des cacahuètes pour distraire ses critiques pendant que l’homme combat le monde entier« , a estimé un autre internaute, Fatih Kavalci.

4 morts et 10 blessés dans un Berlingo: le conducteur en procès

Rennes – Le procès du jeune conducteur mis en cause dans un accident de voiture, lors duquel quatre adolescents de 15 à 17 ans avaient trouvé la mort en août dernier à Rohan (Morbihan), s’est ouvert vendredi matin à huis clos devant le tribunal des enfants à Vannes.

Dix jeunes gens, dont le conducteur âgé de 17 ans – qui avait pris le volant sous l’emprise de l’alcool et sans permis – avaient également été blessés dans cet accident.

Le jeune homme, qui n’a jamais été détenu, est poursuivi pour « homicides et blessures involontaires aggravés« . Le procès est prévu sur une journée.

Le drame était survenu sur une route départementale après une soirée privée très alcoolisée réunissant 15 jeunes, tous mineurs, dans la nuit du samedi 1er août.

Les parents du jeune homme qui recevait étaient absents, et les jeunes devaient rester dormir sur place.

Entre minuit et une heure, le jeune homme s’était isolé dans le véhicule familial, avec un autre garçon, « pour discuter« , avait expliqué à l’époque le vice-procureur de la République de Vannes, Yann Le Bris.

Ils ont ensuite été rejoints par douze des autres adolescents, qui se sont entassés dans le véhicule de cinq places: trois à l’avant, sept à l’arrière, quatre dans le coffre…

Une fois dans la voiture, un Berlingo Citroën, ils décident de quitter les lieux, mais « sans destination précise« , avait relaté le vice-procureur. « On roule…« , semble avoir été leur seule motivation.

Moins de trois kilomètres plus tard, le véhicule avait fait une embardée puis plusieurs tonneaux avant de s’immobiliser dans un fossé.

Il y a « deux causes évidentes à cet accident, la conduite sans permis (du jeune conducteur) et la surcharge du véhicule« , avait également déclaré Yann Le Bris.

Le taux d’alcoolémie de 0,83 g/l retrouvé chez le jeune conducteur est au-dessus du seuil légal de 0,50 et même 0,20 pour les jeunes conducteurs. Les analyses n’ont en revanche pas montré de trace de stupéfiants.