La plus ancienne centrale nuclaire de France, que Franois Hollande avait promis de fermer d’ici 2017, ne fermera finalement qu’un an plus tard, a annonc ce mardi la ministre de l’Ecologie Sgolne Royal.
Une fermeture pour une ouverture. La centrale nucléaire de Fessenheim, la plus ancienne de France, fermera finalement en 2018, conditionnée par l’ouverture d’une autre centrale, celle de Flamanville. L’annonce a été faite ce mardi par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, en déplacement à Strasbourg.
Ce qui signifie que le report de la mise en service du réacteur nucléaire EPR de Flamanville -à fin 2018- reportera d’autant la fermeture de la plus vieille centrale nucléaire de France, d’après la loi qui prévoit le plafonnement de la production d’énergie nucléaire. « Il y a l’application de la loi, c’est assez simple maintenant puisqu’effectivement, il y a un plafonnement de la production d’énergie nucléaire », a relevé la ministre.
Le président de la République François Hollande avait pourtant renouvelé, en mars, sa promesse d’engager la fermeture de Fessenheim, mise en service en 1977, « à l’horizon de la fin du quinquennat », c’est-à-dire en 2017.
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Déjà quatre reports à Flamanville
La semaine dernière, l’électricien français EDF avait repoussé au quatrième trimestre 2018 le démarrage de l’EPR de Flamanville dans la Manche, victime de plusieurs anomalies techniques récentes. Il s’agit du quatrième report de ce réacteur de 3e génération, l’un des plus puissants du monde (1650 mégawatts), qui devait initialement être livré en 2012 pour un budget de 3,3 milliards d’euros.
Elle a par ailleurs jugé « sans fondement » le chiffre de 5 milliards d’euros d’indemnités qu’EDF pourrait réclamer à l’Etat au titre de la fermeture de la centrale, en réponse à une question des journalistes en ce sens. « Aucune évaluation » n’a été réalisée à ce jour, a-t-elle affirmé.
Les écologistes s’enflamment
Après l’annonce de Ségolène Royal, plusieurs responsables et élus écologistes se sont indignés du report de la fermeture de la centrale, qui figurait dans les promesses de campagne du candidat Hollande. La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts Emmanuelle Cosse s’est « étonnée d’une annonce qui paraît aussi ferme qu’hasardeuse ». « Je suis étonné que l’on puisse interpréter ainsi la parole présidentielle », a-t-elle ajouté. « Il faudrait arrêter de lier Fessenheim à Flamanville », a poursuivi Emmanuelle Cosse, estimant que la centrale alsacienne « est dangereuse, en panne constamment ». Le député Denis Baupin a également indiqué dans un communiqué que la fermeture de Fessenheim était liée à la loi sur la Transition énergétique et que sa fermeture doit être annoncée le 11 octobre prochain.
L’ancienne ministre et députée Cécile Duflot a réagi sur Twitter: « Fessenheim fermée en 2018 (ou pas)… de la parole présidentielle (ou pas) », a-t-elle ironisé dans un message agrémenté du hashtag #QuandLesPoulesAurontDesDents.
Jean-Luc Mélenchon, du Front de gauche, a également critiqué le président de la République: « Sur le nucléaire comme sur le reste, les promesses de François Hollande et du PS n’engagent que les naïfs », a-t-il indiqué dans un communiqué.
L’Allemagne tape du pied
Après l’annonce de ce report, la ministre allemande de l’Environnement a fait part de son « regret » et de sa « déception ». « Je me suis moi-même adressée à plusieurs reprises à ma collègue française pour plaider pour un arrêt le plus rapide possible de cette vieille centrale » située à la frontière franco-allemande, a déclaré Barbara Hendricks. « Je m’attendais à ce que le réacteur soit retiré du réseau en 2017, comme annoncé », a-t-elle continué.